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Dossier - Gestion de trésorerie

Créé le

23.01.2023

-

Mis à jour le

26.12.2023

Choc après choc, les entreprises résistent. Jusqu’à quand ? Pour passer le cap, les trésoreries et postes clients portent à la vigilance. Et, dans la foulée, à une concurrence accrue entre les solutions, bancaires ou non.

Dans son dernier Observatoire des signaux faibles, l’Association française des sociétés financières (ASF) juge les chefs d’entreprise « prudents dans un contexte incertain ». Un avis partagé par Catherine Gicquel Le Gall, membre du directoire d’Arkéa Banque Entreprises et Institutionnels, qui se veut rassurante : « Les belles entreprises de taille intermédiaire, qui disposent d’un pool bancaire établi et de modes de financements diversifiés, peuvent avoir confiance dans leurs conseils et établissements bancaires pour les accompagner. »

Alors que le remboursement des moratoires sociaux et fiscaux comme des Prêts garantis par l’État (PGE) Covid ne fait que commencer, les PGE Résilience sont souscrits pour un usage plus immédiat que les précédents. Cette « dette qui ne crée pas de valeur », selon les termes de Catherine Gicquel Le Gall, soulève des interrogations pour l’avenir.

Le nombre de défaillances s’est « normalisé » en France. Celui des mandats ad hoc destinés à rétablir la situation d’une entreprise avant une cessation de paiements, et en particulier des mandats ad hoc « express » mis en place jusqu’en juin 2023 pour la « sortie de crise » des TPE, est à surveiller. En ce début d’année, les dirigeants de PME et ETI craignent les difficultés d’approvisionnement, l’inflation et surtout le prix de l’énergie.

Le marché se dégrade

La hausse des prix est un nouveau coup rude pour la rentabilité des entreprises, mais aussi pour leur besoin en fonds de roulement (BFR). Cette « poursuite de la tendance à l’augmentation des besoins BFR due à l’inflation et au remboursement des PGE », soulignée par l’ASF, est de fait sous-tendue par l’accélération des impayés, l’augmentation des procédures amiables et contentieuses et des délais de livraison, qui restent élevés du fait de contraintes d’approvisionnement. De quoi accélérer le risque de faillites des entreprises. « Le recours à des restructurations est le véritable enjeu, explique Catherine Gicquel Le Gall. Nous avons des systèmes d’alerte précoce et, pour les clients identifiés comme fragiles tels que ceux sous surveillance (watch list) ou dont la notation est basse, la notion de forbearance réglementaire conduira à des reclassifications dans les banques, à mesure de la dégradation des actifs. »

Alors que l’accès au financement se tend, avec des taux à la hausse, les entreprises ont tout intérêt à réunir la gestion de trésorerie et du crédit client (en anglais, cash & credit management) et doivent envisager tous les leviers : leaseback, fiducie ; éventuels découverts autorisés, facilités de caisse et autres crédits court terme ; service de recouvrement ou d’assurance crédit ; cession Dailly ; financement spécialisé (affacturage et subrogation, affacturage confidentiel, reverse factoring...) ; gestion centralisée (cash pooling) de la trésorerie pour optimiser besoins et excédents, et limiter les frais bancaires ; voire titrisation ou financement obligataire. « Les banques ne sont plus en situation de monopole, glisse un trésorier. Les OPCVM et la gestion d’actifs, c’est l’une des forces de la Place de Paris et un avantage pour les entreprises. »

La concurrence s’intensifie

Pour les PME et ETI comme pour les grandes entreprises, le recours à l’affacturage reste prépondérant parmi les solutions existantes. Selon les chiffres de l’ASF, Avec 305 milliards d’euros, le montant des créances prises en charge par les factors sur les neuf premiers mois de 2022 augmente de près de 17 % par rapport à la même période en 2021 (lire « 3 Questions à »). « Cette tendance des 3 premiers trimestres établit un niveau d’activité très supérieur à la période pré-Covid, souligne Françoise Palle-Guillabert, délégué général. L’affacturage est beaucoup mieux intégré dans le paysage économique et bénéficie d’une réelle reconnaissance par les pouvoirs publics et les entreprises. C’est une excellence nationale : l’affacturage français est au premier rang européen et au deuxième rang mondial, derrière la Chine. »

Pour autant, les ténors français sont confrontés à la concurrence entre les banques, y compris les étrangères qui cherchent à pénétrer le marché avec des solutions de paiement en différentes devises, une analyse des données et des prévisions de trésorerie affinées, et également à celle de nouveaux entrants à dominante « tech ». À cet égard, la récente communication d’Allianz Trade, Santander CIB et Two sur une solution de « paiement fractionné » (BNPL) entre entreprises (B2B) est révélatrice. Two est en charge de la technologie, Santander CIB finance le paiement anticipé aux vendeurs et les conditions de crédits aux acheteurs et Allianz Trade sécurise la chaîne de valeur contre le risque d’impayés. Une sorte de solution d’affacturage instantané et digitalisé ? Les parties prenantes préfèrent parler d’une « solution de paiement différé digitale et instantanée », mais le mécanisme s’en rapproche. À la différence de l’accord entre Allianz Trade et Pledge dédié aux transactions domestiques, elles visent uniquement les multinationales. La solution sera distribuée par Santander CIB, dans tous les pays.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº877