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Inflation, transition
et communication

Créé le

21.11.2022

-

Mis à jour le

01.12.2022

Jusqu’où irons-nous ? Les politiques monétaires poursuivies par les banques centrales sont scrutées à fin d’anticipation et tout autant critiquées, dans leurs phases nouvelles comme dans la précédente. Ce supplément de Revue Banque, en partenariat avec l’Association des marchés financiers (Amafi), a réuni les points de vue et commentaires d’économistes, experts et décideurs de renom. Tous les sous-jacents sont à analyser. Ils ne sont pas les mêmes selon les pays. Le mandat des banques centrales non plus. L’objectif principal de la BCE, c’est l’inflation. Celui de la Fed est double, associant chômage et croissance. Comparaison n’est pas raison.

Il y a un an déjà, des enquêtes conduites auprès des ménages et des entreprises de la zone euro tendaient à montrer que l’inflation perçue augmentait. Le débat portait sur des causes structurelles ou conjoncturelles du phénomène de prix. Après la pandémie, les confinements et les mesures publiques prises dans ce contexte inédit, on anticipait la croissance. Depuis, la guerre déclenchée par la Russie a changé la perspective. On se tourne vers l’histoire pour éclairer le présent... Que faut-il retenir de 2016, 2011, 2008, mais aussi des années 1970, de 1939 ou de 1914 ? Pour prévoir l’inflation, il était commun de prendre en compte les marchés des matières premières et des biens, sans s’occuper des services. Post-Covid, c’est plus compliqué.

Plus que jamais la communication des banques centrales est essentielle. La Fed est-elle plus brillante que la BCE ? Et la Banque d’Angleterre (BoE) pire que toutes ? Entre inflation, ralentissement de la croissance économique, trajectoire ascendante des dépenses publiques et crise énergétique, le Royaume-Uni prend tout le monde de court depuis un an, lorsque la BoE a fait une volte-face, jusqu’aux récents changements politiques.

Traduction infidèle, Lost in Translation

Il y a un an, Christine Lagarde avait pour sa part consacré toute une conférence de presse à clarifier la notion d’inflation « temporaire ». Il n’était pas question de normalisation de sa politique monétaire. Une façon de gagner du temps ? La BCE a aussi pour mission d’éviter la fragmentation de la zone euro. La trame de fond est désormais celle d’un risque de récession.

Au contraire, l’an dernier, Jerome Powell avait sensibilisé les milieux financiers à la fin de sa politique monétaire extrêmement accommodante, reconnaissant que l’inflation n’était pas transitoire. Annonçant une réduction progressive de son programme de rachat d’actifs, la Fed est ensuite entrée dans une séquence de hausse des taux.

En attendant sa prochaine réunion, en ce mois de décembre 2022, les marchés ont repris espoir à la publication des derniers chiffres de l’inflation outre-Atlantique. Qu’en est-il du risque de récession ? « En raison de la contraction de masse monétaire en cours depuis longtemps, une récession est inévitable », soutient Steve Hanke, expert mondial de l’hyperinflation et professeur d’économie appliquée à l’Université Johns Hopkins (Baltimore), dans Revue Banque. « Une récession n’est pas inévitable, mais elle est de plus en plus probable », modère Betsey Stevenson, économiste et professeur de politique publique et d’économie à la Ford School (Université du Michigan). Ces deux anciens membres du Conseil des conseillers économiques (Council of Economic Advisers), l’un nommé par le président Reagan, l’autre par le président Obama, confrontent leurs points de vue pour Revue Banque (lire le « Débat », Revue Banque n° 874, p. 6).

« Nous comprenons mieux à quel point nous comprenons peu l’inflation », a déclaré Jerome Powell en juin dernier. Alors que les marchés s’ajustent, que les investisseurs cherchent où orienter les capitaux, que les particuliers s’interrogent sur leurs placements, s’inquiètent pour leur pouvoir d’achat et leur retraite, que la planète doit prendre en charge la transition énergétique pour son avenir tout entier, remonter aux sources de l’inflation actuelle est peut-être un sujet à laisser à l’histoire économique de demain. 

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº874bis