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Rétrospective

La gestion d’actifs se mobilise

Créé le

08.12.2017

-

Mis à jour le

22.12.2017

Numéro 2 en Europe, après la Place de Londres, l’industrie française de la gestion d’actifs paraît solide. Pourtant, début 2017, le P-DG de La Financière de l’Échiquier, Didier Le Menestrel, qui présidait alors la mission Compétitivité de l’AFG [1] , faisait le constat suivant : « alors que structurellement l’industrie de la gestion est en croissance dans le monde de 5 à 10 % par an, la France ne cesse de perdre des parts de marché en termes de domiciliation de fonds, subissant la concurrence accrue d’autres places financières européennes ».

Sur le terrain de la domiciliation de fonds, mais aussi de façon plus générale pour se redynamiser et jouer sa carte dans le contexte du Brexit, la gestion française s’est mobilisée fin 2016, notamment en créant, au sein de l’AFG, la fonction d’ambassadeur. Le poste a été confié à Jean-Louis Laurens qui, environ un an après sa nomination, calcule qu’il a rencontré plus de 250 personnes (investisseurs institutionnels, sociétés de gestion, sélectionneurs de fonds). Il a également participé à 36 conférences au cours desquelles il a vanté les mérites de la Place de Paris. « L’effort a notamment porté sur les sociétés de gestion à l’international de grande ou petite taille, qui sont amenées à s’interroger sur une éventuelle relocalisation de leurs activités dans l’Union européenne, précise Jean-Louis Laurens. Au fur et à mesure de la prise de conscience des difficultés rencontrées lors des négociations du Brexit, nous constatons qu’un nombre croissant de sociétés est à la recherche d’une solution pour conserver un accès au marché européen. On peut s’attendre à ce que ce processus s’accélère dans les prochains mois. » Comme exemples de sociétés de gestion qui ont d’ores et déjà pris la décision de s’installer à Paris, l’AFG citait, début décembre 2017, Eleva Capital et Smart Lender AM. L’association précisait : « d’autres établissements – y compris des sociétés de plus grande taille – envisagent une relocalisation en France, mais ne souhaitent pas communiquer sur leurs choix à ce stade ».

Deux événements survenus en 2017 sont venus améliorer l’attractivité de la Place de Paris. La décision prise le 20 novembre d’installer l’EBA à Paris, va indirectement profiter à la gestion française. L’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir le 7 mai a, elle aussi, rassuré. Selon Jean-Louis Laurens : « L’élection d’Emmanuel Macron, suivie d’une élection législative lui donnant une majorité parlementaire confortable et la mise en œuvre rapide et concrète de la réforme du droit du travail ont profondément changé l’image de la France à l’étranger. » Mais certains grands groupes anglo-saxons semblent s’interroger sur la pérennité des changements initiés par le gouvernement d’Emmanuel Macron, notamment dans le domaine de la fiscalité, la France ayant historiquement acquis une image de grande instabilité dans ce domaine. SG

Achevé de rédiger le 6 décembre 2017

 

Ils ont dit

Des partenariats entre acteurs financiers et industriels

« Je suis convaincue qu’il faut davantage fédérer les acteurs financiers et les acteurs industriels, corporate et stratégiques reconnus pour leur savoir-faire technologique, afin de répondre ensemble à des appels d’offres étrangers et des grands projets internationaux.

La réponse ne peut pas venir des seules banques et institutions financières. Il faut davantage d’implication des asset managers français dans ces partenariats afin de faire progresser globalement l’industrie de la gestion en Europe ou ailleurs dans le monde.

Inspirons-nous des partenariats conclus entre investisseurs stratégiques (les grands énergéticiens, industriels…) et investisseurs financiers anglo-saxons (fonds de private equity, asset managers) qui fonctionnent plutôt bien. Ils permettent de financer certains secteurs d’activité qui ont parfois du mal à lever des fonds, comme c’est le cas par exemple dans le secteur des énergies renouvelables, où les démonstrateurs industriels et les sociétés de tailles moyennes ont du mal à passer le cap de Licorne. Ces partenariats sont très appréciés des fonds souverains à la recherche de rendements et de nouveaux débouchés industriels innovants. »

Agnès Romatet-Espagne, directrice des entreprises, de l’économie internationale et de la promotion du tourisme, ministère des Affaires étrangères, Banque & Stratégie n° 354, janvier 2017, pp. 5-8.

 

Mobiliser tous les acteurs

« L’écosystème financier français est singulier. Il est l’un des plus complets au monde. En particulier, les atouts de la gestion d’actifs sont nombreux et méconnus : un bassin d’épargne parmi les plus importants d’Europe, des expertises et des cerveaux, un niveau de sécurité réglementaire très élevé pour les investisseurs. Malgré tout, et alors que structurellement l’industrie de la gestion est en croissance dans le monde de 5 à 10 % par an, la France ne cesse de perdre des parts de marché en termes de domiciliation de fonds, subissant la concurrence accrue d’autres places financières européennes. De nombreuses initiatives par le passé avaient déjà formulé des propositions, restées lettre morte faute d’être portées par la communauté. Aujourd’hui, nous avons décidé de nous rassembler et de fédérer toutes les énergies autour d’une ambition commune : accroître l’attractivité de notre Place et de nos expertises financières pour mobiliser l’épargne au service de la croissance et de l’économie. »

Didier Le Menestrel, président-directeur général, La Financière de l’Échiquier, Banque & Stratégie n°354, janvier 2017, pp. 9-11.

 

Un ambassadeur pour la gestion française

« Dans la concurrence que se livrent les grandes places financières, Paris a d’importants atouts à faire valoir. Son industrie de la gestion d'actifs en est un des plus importants. Encore faut-il le faire savoir. Pouvoirs Publics, régulateur, associations professionnelles et sociétés de gestion sont aujourd’hui parfaitement alignés pour assurer la promotion de la gestion française et renforcer encore l’attractivité de la Place de Paris. C’est dans ce contexte qu’un ambassadeur de la gestion française a été nommé et que j’ai été choisi en octobre 2016 pour remplir cette mission. »

Jean-Louis Laurens, Ambassadeur de la gestion, AFG, Banque & Stratégie n°354, janvier 2017, pp. 12-13.

 

FinTechs et asset managers collaborent

« Sur la gestion d’actifs, les premières FinTechs proposaient des “robo advisors” en réaction à une évolution des usages et un besoin d’autonomie des clients finaux sur la gestion de leur patrimoine. Aujourd’hui, les FinTechs sont présentes à tous les niveaux de la chaîne de valeur de l’actif et du passif, sans exception. »

Marc Sabatier, Partner, Guillaume Andreu, Engagement Manager, et Alain de Cidrac, directeur associé, Julhiet Sterwen, Banque & Stratégie n°354, janvier 2017, pp. 24-27.

 

Favoriser l’épargne retraite

« L’investisseur institutionnel de long terme n’est pas immobile, mais adapte son portefeuille à l’évolution de son passif (l’épargne que ses clients lui confient), cherche à capter des opportunités, à se protéger contre les bulles spéculatives et les cycles de marchés contraires. Les épargnants doivent pouvoir bénéficier de ces mêmes principes de bonne gestion au travers des supports de placement, avoir accès aux mêmes classes d’actifs et instruments financiers que ceux dont disposent les investisseurs de long terme. Tout cela fait aussi partie de la sécurité financière globale.

Pour accroître la part d’actifs « risqués » dans les patrimoines, si utiles pour le financement de l’économie, il faut que les épargnants “apprivoisent” les risques et opportunités du long terme, en s’y acclimatant par des produits financiers bien identifiables et dont ils comprennent la gestion. »

Jean Eyraud, président, AF2I, Banque & Stratégie n°354, janvier 2017, pp. 20-23.

 

1 Association française de gestion financière.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº815
Notes :
1 Association française de gestion financière.