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L'actualité des M&A bancaires

Les banques italiennes : maillon faible de la zone euro

Créé le

24.11.2014

-

Mis à jour le

02.12.2014

La publication des résultats des tests de résistance réalisés par les autorités bancaires européennes a montré la faiblesse du secteur bancaire transalpin. L'avenir de Banca Monte dei Paschi di Siena fait l’objet de toutes les spéculations.

Dans un marché des fusions-acquisitions très calme au niveau mondial, l’actualité bancaire a surtout été marquée par la publication le 26 octobre dernier des résultats des stress-tests ainsi que de la revue de qualité des actifs des principales banques de la zone euro (voir Encadré 1). Cet examen complet – réalisé par la BCE en collaboration avec l’Autorité bancaire européenne (EBA) – aura finalement mis au jour des besoins en capitaux restreints de la part d’un faible nombre d’établissements. En effet, la BCE a annoncé que seules 25 banques de la zone euro avaient échoué sur les 130 examinées.

De plus, les résultats ont montré que l’Italie, avec 9 cas sur 25, constitue le maillon faible du secteur bancaire de la zone euro. Avec un déficit évalué autour de 2,11 milliards d’euros, l’italien Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS) affiche même les besoins de fonds propres les plus élevés de l’échantillon (voir Encadré 2). Seule banque italienne à avoir été recapitalisée par l’État, elle a accumulé 9,3 milliards d’euros de pertes sur les trois dernières années et a réalisé quatre appels au marché financier depuis 2008, dont le dernier remonte à juin 2014 pour un montant de cinq milliards d’euros.

Dès le verdict connu, BMPS a mandaté UBS et Citi pour examiner les différentes options possibles afin de combler le manque de capital. En parallèle d’une importante restructuration, qui se traduira par la fermeture de plusieurs centaines d’agences et la suppression de plusieurs milliers d’emplois, le Conseil d’administration a décidé de procéder à une nouvelle augmentation de capital. Le montant prévu de 2,5 milliards d’euros a été calculé pour répondre à deux objectifs :

  • d’une part, combler les besoins en fonds propres ainsi identifiés ;
  • d’autre part, permettre de rembourser par anticipation la dernière tranche des aides de l’État italien.
En outre, des mesures complémentaires d’optimisation des fonds propres seront prochainement adoptées. Il s’agit notamment des cessions d’actifs non stratégiques. La troisième banque italienne serait prête à vendre sa filiale de crédit à la consommation Consum.it et pourrait aussi mettre sur le marché 10 % de la société de gestion Anima. À moyen terme, tout le monde s’accorde à dire qu’une fusion paraît incontournable. L’un des principaux responsables de la Banque d’Italie a même laissé entendre qu’il était « favorable à toute solution, y compris une fusion, qui renforcerait la banque toscane créée en 1472 ».

Même si les rumeurs vont bon train, la plus vieille banque du monde ne semblerait avoir été approchée par aucune de ses consœurs. En revanche, elle a bien confirmé avoir reçu une offre émanant d’une société hongkongaise, NIT Holdings, qui lui proposait de mettre 10 milliards d’euros sur la table. Considérant que l’offre manquait de clarté, la banque italienne n’a pas souhaité donner suite.

Les banques françaises BNP Paribas et Crédit Agricole, déjà présentes dans la Botte, font aujourd’hui figures de repreneurs potentiels ainsi que la banque espagnole Banco Santander. Le rachat de BMPS permettrait à BNP Paribas de se hisser au troisième rang en Italie, alors que sa filiale BNL n’est actuellement qu’en sixième position.

Le nom d’UBI Banca, la cinquième banque du pays, circule également avec insistance. Il faut dire qu’un adossement à une banque de taille moyenne telle qu’UBI serait politiquement plus acceptable pour les autorités de tutelle, dans la mesure où elle n’entraînerait pas de réductions aussi massives des effectifs, et poserait moins de problème concurrentiel qu’en cas de rapprochement avec l’une des plus grandes banques italiennes (Intesa Sanpaolo, Unicredit).

Achevé de rédiger le 23 novembre 2014.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº778