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Rentabilité bancaire :
un équilibre à trouver

Créé le

20.12.2023

-

Mis à jour le

04.01.2024

L’année 2023 a débuté sur une note positive pour l’activité bancaire européenne. Les turbulences n’ont pourtant pas manqué. 2024 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices.

En réaction à la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne, les établissements français, qui commercialisent des prêts à taux fixes, ont moins profité de la hausse de revenus attendue de la remontée des taux directeurs et ils en ont profité de façon décalée dans le temps, comparativement à leurs homologues européens dont les prêts se font à taux variables.

En France, le plafond du taux d’usure fixé par le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) est considéré comme un facteur de réduction de la production du crédit. Il fut conjugué en 2023 à une demande plus faible de la part des agents économiques, ralentissement de la croissance du PIB et baisse du pouvoir d’achat obligent. L’épargne réglementée génère une contrainte supplémentaire. Plusieurs gouvernements européens, par ailleurs, ont mis en place une taxation des profits qui laisse craindre une limitation de leur potentielle rentabilité.

Dans une note parue début décembre, l’agence Moody’s a fait part de son pessimisme pour le secteur bancaire en 2024, et notamment à cause des effets des politiques monétaires. L’agence prévoit une baisse de la performance des prêts et une détérioration des marges nettes d’intérêt en Europe ainsi que l’émergence de nouveaux risques.

L’agence s’attend à une détérioration modérée de la qualité de certains crédits. Les regards se tournent à ce sujet vers l’immobilier commercial. Une baisse des dépôts à vue vers des placements de plus long terme paraît par ailleurs probable et la production de crédit à destination des ménages et des entreprises devrait continuer à décliner, toujours selon Moody’s.

Entre dématérialisation et proximité

Une diversification suffisante des activités des établissements bancaires, sur le modèle de la banque qualifiée de « multi-universelle » par Crédit Agricole, semble une des clés pour tirer son épingle du jeu en 2024. Les outils numériques et l’offre digitale à destination de la clientèle constituent d’ailleurs des pistes pour améliorer la productivité et un axe de développement stratégique, mais ils supposent un équilibre subtil entre dématérialisation et proximité.

Au-delà des modèles d’affaires et de la conjoncture économique, le secteur bancaire doit faire face à des besoins d’investissements importants : la transformation numérique, le financement de la transition écologique, la mise en œuvre de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), mais aussi les évolutions de leurs obligations, notamment en termes prudentiels, de gouvernance et de fonds propres.

Bonne nouvelle cependant, les banques européennes sont globalement « résilientes », avec une gestion du coût du risque jugée de bonne qualité et des fonds propres au-delà des exigences réglementaires. Et c’est tant mieux, car les incertitudes géopolitiques sont fortes, la visibilité sur les choix de politique monétaire des banques centrales reste ténue et le risque de détérioration des actifs consécutif au financement de la transition écologique demeure, ainsi que les aléas liés au changement climatique. Nul n’est en mesure de dire aujourd’hui à quel moment le couperet pourrait tomber, ni s’il va tomber.

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« Nous intégrerons la solution [wero] aux applications de BNP Paribas et de BNP Paribas Fortis en France et en Belgique, les pays de lancement du projet. »

Martina Weimert, directrice générale de l’European Payment Initiative (EPI) (Revue Banque n° 881, juin 2023)

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº887-888
RB