Après plus de deux années de hausse quasiment ininterrompue de ses taux directeurs, la Réserve fédérale a, fin janvier, surpris les marchés en abandonnant son biais haussier, en place depuis décembre 2015. L’activité reste certes dynamique, mais la montée des incertitudes – guerre commerciale, shutdown, Brexit, ralentissement de l’économie mondiale, turbulences sur les marchés – a incité la Fed à la prudence. Et la faiblesse de l’inflation l’a convaincue d’être patiente. Ce revirement signifie-t-il que la Fed est arrivée au terme de son cycle de resserrement ?
Les limites du plein-emploi
Il est permis d’en douter. D’abord parce que si l’inflation est faible, les salaires n’en accélèrent pas moins graduellement depuis trois ans. Ensuite parce que la remontée du taux de participation du cœur de la population en âge de travailler ne pourra permettre de repousser éternellement les limites du plein-emploi : en janvier dernier, le taux d’activité des femmes âgées de 25 à 54 ans avait retrouvé son niveau d’avant crise et celui des hommes s’en approchait. Au rythme actuel, cette soupape cessera de fonctionner dans à peine plus d’un an. Les créations d’emplois devront alors ralentir, ou l’économie américaine risque de se heurter aux limites du plein-emploi.
Pendant quelques mois encore toutefois, la banque centrale peut se permettre d’être patiente : si demain, l’activité décélère, elle aura eu raison d’être prudente… et sinon, il ne sera pas trop tard pour remonter les taux !