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Rencontre 93 AVVEJ-BNP Paribas Securities Services : les banques soutiennent les quartiers

Créé le

21.09.2015

-

Mis à jour le

13.10.2015

Rencontre 93, institution de l’association régionale AVVEJ, accueille des jeunes en rupture scolaire ou familiale. Pour leur proposer des activités au-delà du seul soutien scolaire ou d’un hébergement, Rencontre 93 AVVEJ s’est lancé dans la recherche de partenariats. C’est notamment le cas pour le projet « Voyager autrement » avec BNP Paribas Securities Services, installé sur l’ancien site des Grands Moulins de Pantin.

Être présent sur le terrain : c’est le leitmotiv de bien des banques dans les actions qu’elles mènent en faveur des « quartiers » ou des cités réputées difficiles. C’est ainsi que BNP Paribas, dont l’activité Securities Services s’est installée dans les locaux rénovés des anciens Moulins de Pantin, au cœur de la Seine-Saint-Denis, s’est investie auprès de Rencontre 93, un des 17 établissements de l’association l’Association vers la vie pour l’éducation des jeunes (AVVEJ).

Des jeunes en rupture, des parents vulnérables

Installée à Saint-Denis dans les locaux d’une ancienne caserne de gendarmerie, l’association Rencontre 93 AVVEJ a pour première mission d’accueillir des enfants en difficulté, soit pour les rescolariser, soit pour les protéger de leur environnement familial. 40 adolescents lui sont confiés, par mandat ou ordonnance de placement, dont 22 hébergés et 18 en accueil de jour, tous pris en charge par l’atelier scolaire de l’institution. « Nous cherchons à redonner à ces jeunes en rupture leur place dans la société et à les accueillir dans un lieu où ils seront suffisamment protégés pour se reconstruire, mais sans les couper du monde, explique Laurent Dupond, directeur de Rencontre 93 AVVEJ. Pour éviter les cloisonnements, nous avons donc ouvert, au-delà du seul atelier scolaire, d’autres espaces qui permettent aux générations de se côtoyer, comme dans la vraie vie ». Le Club des parents offre à ces derniers, sur la base d’une adhésion volontaire, un lieu où ils peuvent être aidés, écoutés et rompre un isolement « qui est très souvent à la base de problèmes sociaux, éducatifs ou de violence » ajoute Laurent Dupond. De même, un espace petite enfance permet la prise en charge d’enfants en bas âge, y compris la nuit, si nécessaire.

La créativité comme moyen d’apaisement

Dans le même esprit d’ouverture, Rencontre 93 AVVEJ organise des activités extra-scolaires pour les adolescents pris en charge. Elles ne servent pas uniquement à occuper leur temps libre : « nous voulons stimuler la créativité de nos jeunes, car c’est à la fois un moyen d’apaisement et de développement, explique Abdel Ajenoui, chef de service de l’atelier scolaire et du Club des parents. Il faut leur donner confiance en eux, valoriser la diversité dans laquelle ils vivent, et favoriser le dialogue ». « La création permet de s’exprimer, dans une forme d’échange qui amène aussi à respecter l’autre », complète Véronique Ledos, coordinatrice de projets.

Ainsi, Rencontre 93 AVVEJ propose des activités de théâtre et d’équitation, et a lancé depuis peu le projet « Voyager autrement », particulièrement emblématique de cette démarche : « l’idée est d’organiser une médiation éducative, culturelle et artistique entre des jeunes issus de quatre continents, représentés par le Vietnam, le Maroc, le Chili et la France » détaille Véronique Ledos. Le projet devrait s’articuler entre un voyage « virtuel », au travers d’un site, et des voyages bien réels, durant lesquels les jeunes des différents pays se retrouveront pour échanger leurs travaux ou en réaliser en commun.

Vivre ensemble

Concrètement, « l’association a commencé par réactiver un projet avec le Maroc, laissé de côté pour des raisons de financement », explique Véronique Ledos. « Centré sur le travail du graphe et de l’écriture, le projet de travailler, en France, sur la calligraphie arabe appliquée aux caractères latins, et au Maroc, avec une institution correspondante – en l’occurrence le collège Allal El Fassi à Oujda – de faire le contraire, et d’appliquer la calligraphie latine aux caractères arabes. C’est le point de départ de ce dialogue : une reconnaissance mutuelle des qualités des uns et des autres, liée à l’écriture », précise Abdel Ajenoui. Dans le même temps, Rencontre 93 AVVEJ se rapproche d’une autre association de Seine-Saint-Denis, Une Oasis dans la Ville : cette dernière organise, avec l’Union générale des Vietnamiens de France, des échanges culturels et artistiques avec le foyer du Bambou Vert, qui s’occupe des enfants des rues à Ho-Chi-Minh-Ville.

L’objectif n’est pas seulement d’organiser des voyages pour les adolescents concernés : ces projets concourent tous à la reconstruction sociale de ces jeunes : « cela ne sert à rien de les mettre dans un avion, juste pour les emmener quelque part » remarque Abdel Ajenoui. Les animateurs s’appuient, dans cette perspective, sur des convictions éducatives fortes : « nous essayons de travailler sur des pédagogies non punitives, de leur faire une offre inconditionnelle : non pas leur imposer de gagner leur place dans la société en faisant ceci ou cela, mais de les convaincre qu’ils ont leur place et que la question qui se pose est plutôt de savoir comment vivre ensemble » ajoute Abdel Ajenoui.

L’exposition dans la galerie du Transbordeur

C’est dans cette optique que s’inscrit le partenariat avec le comité d’entreprise de BNP Paribas Securities Services [1] . Ses représentants, Yann Lespiat et Philippe Roisin (lire l’interview p. 69), convaincus par l’intérêt des actions menées par l’association, ont proposé de prendre en charge l’exposition des premiers travaux réalisés sur la calligraphie par les adolescents, ainsi que les dessins et peintures des enfants du Foyer du Bambou Vert. L’exposition a été organisée en avril 2015 sur le site des Grands Moulins de Pantin, dans la galerie du Transbordeur. S’agissant d’un lieu privé et sécurisé, l’exposition n’était accessible qu’aux salariés et aux invités de l’association, mais le comité d’entreprise de la banque a largement fait connaître l’événement dans le groupe et les visites des 3 000 collaborateurs du site ont été nombreuses. Pour l’association, c’était l’occasion de confronter pour la première fois ses jeunes artistes à un regard extérieur et au monde de l’entreprise, d’autant que les salariés pouvaient se porter acquéreurs des œuvres.

Objectif Maroc

Reste à organiser les autres étapes du projet : le site et le blog ont été ouverts en juin 2015 et il s’agit à présent de faire venir en France, pendant une dizaine de jours, des enfants du foyer du Bambou vert. Puis, en 2016, ce sont les adolescents de Rencontre 93 AVVEJ qui devraient se rendre à Oujda pendant une dizaine de jours, rencontrer les élèves du collège Allal El Fassi. Sur place, « l’idée sera de croiser nos deux écritures, explique Abdel Ajenoui, avec pour objectif la réalisation d’une grande fresque sur le mur d’enceinte du collège ; les jeunes devront réfléchir ensemble à ce qu’ils comptent écrire sur le mur – le nom du collège ? une phrase dédicace ? –, et se familiariser, pour les uns, avec le maniement des sprays à peinture, les autres celui du kalam… ». L’œuvre sera réalisée en « live » dans les trois derniers jours du séjour. En 2017 et 2018, viendront d'autres projets, notamment le Chili…

À la recherche de financements

Seul hic, ces activités et projets doivent être financés. Rencontre 93 AVVEJ bénéficie d'un financement durable accordé par le Conseil Général pour les jeunes qui lui sont confiés. Mais l’association met également en œuvre, pour l’ensemble de ces projets (équitation, théâtre, art plastique), une recherche de fonds auprès des institutions publiques et privées (fondations et entreprises) au travers de partenariats de court et moyen terme. Le projet « Voyager autrement » s’inscrit dans cette logique et dans des alliances de territoires qui donnent lieu à des demandes de financements ciblées. « Nous répondons bien sûr à des appels à projets publics et privés de la part des fondations, mais nous essayons aussi de sensibiliser les entreprises du territoire via les CE, les engagements RSE et les missions handicap à plus d’engagements et d’initiatives sociales, éducatives et éthiques », précise Véronique Ledos.

Des résultats positifs

En tout cas, les résultats des travaux sur le graphe sont déjà jugés très positifs. Ainsi, les enfants ont pour la plupart d’entre eux commencé par graffer ou calligraphier leur prénom. « Pourquoi ? Parce que chacun existe par son prénom, même dans sa propre famille, décrypte Abdel Ajenoui. Il faut s’approprier ce prénom et c’est ce que font les jeunes d’une belle façon : ils le calligraphient, de façon colorée, éclatante, magnifique... Cette mise en scène de son prénom est une première approche positive de soi-même. » Sans compter que « nos jeunes ont été extrêmement heureux de participer à l’exposition dans les locaux de BNP Paribas. Cet évènement a créé une dynamique : les jeunes se voient dans un lieu qui se montre et qui s’expose face à la société ; ils en ont retiré une gratification importante », conclut Laurent Dupond.

 

1 Le projet « Voyager autrement » est par ailleurs soutenu par la Fondation AIR France, la Commission nationale française de l’UNESCO  et la Ville de Saint-Denis .

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº788
Notes :
1 Le projet « Voyager autrement » est par ailleurs soutenu par la Fondation AIR France, la Commission nationale française de l’UNESCO  et la Ville de Saint-Denis .