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Change & taux

Pourquoi Pékin recherche désormais une croissance inférieure à 7%

Créé le

10.03.2015

-

Mis à jour le

08.04.2015

Si la croissance en Chine reste très enviable, elle ne cesse de ralentir : de 10,4 % en 2010, elle est revenue à 7,4 % en 2014 (taux le plus faible depuis 1990).

Après avoir confirmé à Davos que « la nouvelle norme » serait une croissance en dessous de 7 %, M. Li Kekiang, Premier ministre, vient d'annoncer à l'ouverture de la séance annuelle de l'Assemblée Populaire Nationale que l'objectif pour 2015 serait « autour de 7,0 % ». Une telle sérénité ne relève pas de la rhétorique ; elle correspond, au contraire selon nous, à une certaine logique.

Pékin veut maintenir la stratégie géopolitique qui lui a si bien réussi depuis 25 ans : accaparer sur son territoire une fraction toujours plus forte de l'activité manufacturière mondiale et de l'investissement industriel mondial. Cela renforce toujours plus sa puissance industrielle et commerciale, économique et financière, en même temps que cela déstabilise toujours plus la plupart des autres pays, y compris ses deux grands adversaires que sont les États-Unis et le Japon. Pékin peut même espérer ravir prochainement aux États-Unis leur suprématie monétaire, avant de leur ravir leur supériorité diplomatique, technologique et militaire.

Or c'est principalement sur des coûts salariaux ouvriers horaires exprimés en dollar maintenus les plus bas du monde que repose la stratégie. Pékin réussit à maintenir le yuan extrêmement sous-évalué, mais cela ne suffit pas. Il lui faut aussi brider les coûts salariaux ouvriers horaires en yuan : s'ils s'envolaient, ce serait la clé de voûte de sa stratégie qui s'effondrerait.

Des difficultés apparaissent déjà pour le recrutement d'ouvriers

  • la population en âge de travailler a cessé d'augmenter ;
  • les paysans de l'intérieur se montrent désormais réticents à venir travailler dans les zones industrielles ;
  • le secteur des services, avec des rémunérations très supérieures, détourne les jeunes du travail en usine.
Dans ce contexte, Pékin en vient à redouter que sa croissance reste trop longtemps trop forte et entreprend de la cantonner en dessous de 7 % à moyen terme.

Ce ralentissement programmé en Chine (18 % du PIB mondial) empêchera la croissance mondiale de revenir au-dessus de 3,5 %, le seuil en deçà duquel une tendance haussière sur les matières premières est inaccessible. Le mouvement de baisse général des matières premières amorcé en 2011 devrait donc se prolonger. La Chine, lourdement importatrice net, en tirera avantage mais les pays exportateurs nets verront s'aggraver leurs difficultés.....

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº783