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Épargne

Placements : qu’est-ce que la sécurité ?

Créé le

17.01.2012

-

Mis à jour le

27.01.2012

Le problème des dettes souveraines représente un véritable séisme dans le monde des investissements. C’est le paradigme du « placement sans risque » qui est détruit. Au centre, il y avait l’emprunt d’État, réputé sans risque, puis, comme les planètes gravitant autour du soleil, les différents placements, les plus éloignés étant les plus risqués. Dans cet univers de type newtonien, le risque était proportionnel à la performance. Par exemple, on pouvait attendre des actions, très volatiles, qu’elles aient les meilleures performances à long terme, ou de l’immobilier, plus régulier, qu’il apporte une rentabilité intermédiaire entre celle des actions et celle des emprunts d’État. Le monde était ordonné et ses limites connues : après tout, si d’aventure il devait arriver que l’État se trouve en peine de rembourser un emprunt, il aurait toujours la ressource de lever des impôts pour honorer ses engagements.

Mais la crise actuelle a bousculé les limites de l’imaginable en jetant le doute sur la solvabilité des États. Il n’y a plus de placement sans risque. Au-delà des aspects troublants pour les stratégies d’allocation d’actifs, cette situation oblige les investisseurs ou les épargnants à se poser de façon nouvelle la question de la sécurité.

D’où la résurgence du concept de valeur refuge, simple dans l’appellation mais difficile à préciser. L’or, par exemple, est une valeur refuge. Fort bien. Mais il peut connaître des fluctuations importantes. Dès lors, que veut-on dire exactement lorsque l’on parle de refuge ?

Regardons la question des placements sous un angle original. Pour beaucoup de ménages, le logement est un symbole éminent de sécurité. Il n’est peut-être pas l’équivalent exact du placement sans risque, mais d’un point de vue pratique, il est essentiel dans les finances d’une famille. Mettons-le au centre, et regardons les différents placements relativement à lui.

Le graphique 1 retrace les évolutions de l’or, des actions françaises et américaines, et d’ailleurs aussi de l’inflation, en prenant comme référence le prix des logements en France au cours des dix dernières années. Nous n’avons retenu que les prix : certes les actions distribuent des dividendes, mais le logement a une valeur d’usage. L’inflation a été inférieure (-41 %) à ce « placement sans risque », les actions françaises (-46 %) et américaines (-62 %) également, et l’or a beaucoup progressé (+95 %).

Peut-on en tirer quelques conclusions en termes de stratégie d’épargne ?

Tout d’abord, être ou devenir propriétaire de sa résidence principale était relativement sensé. Précisons qu’une durée plus longue, par exemple 15 ans, donne des écarts moins prononcés, mais un schéma semblable.

Ensuite, l’or était le plus rentable sur la période, mais a connu – dans ce référentiel – une baisse suivie d'une hausse très prononcée : la rentabilité est supérieure, mais le risque aussi.

Enfin, les actions d’entreprises ont été beaucoup moins rentables : est-ce logique ? est-ce pérenne ? Les courbes suggèrent que l’on doit s’attendre à une remontée relative de la performance des actions françaises. Quant aux américaines, dont l’évolution est ici retracée pour leur valeur en euro, elles se présentent comme une valeur refuge potentielle par rapport aux incertitudes de l’euro… On peut penser que les Bourses sont actuellement sous-évaluées dans une optique de long terme, en sachant que par définition le long terme est parfois long !

Il reste que les prix du logement eux-mêmes ne sont pas un point de repère absolu. Rien n’interdit une baisse en 2012 et 2013 dans la conjoncture économique actuelle, et notamment compte tenu des difficultés probables de financement. Mais, d’une part, leurs fluctuations resteront limitées, du fait de la demande importante due au dynamisme démographique ; d’autre part, la propriété ou l’accès à la propriété est bien au centre des préoccupations des particuliers : à défaut d’être satisfaisante pour la théorie, cette approche n’est pas totalement dénuée de sens d’un point de vue pratique.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº745
RB