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Dettes souveraines européennes

Moins de marges de manœuvre pour les assureurs vie

Créé le

20.03.2012

-

Mis à jour le

04.04.2012

Dans les comptes 2011 des assureurs, la décote sur la dette grecque s’élève à 70 % ou plus (voir Encadré). Pour l’activité assurance vie, une partie de cette perte est supportée par les assurés et l’autre par la compagnie, et donc ses actionnaires. « L’essentiel de la perte, environ 85 à 90 %, a été supporté par les assurés », selon Danny Jacques, analyste chez Raymond James Euro Equities. Les assurés ne s’en rendent pas forcément compte aujourd’hui. En effet, pour que la valorisation des contrats et les taux servis en 2011 ne fassent pas fuir les clients, les assureurs ont utilisé leurs marges de manœuvre, la plus importante étant la réalisation de plus-values latentes, notamment sur les titres d’État autrichien et allemand. Autre avantage de cette pratique : les comptes de résultat sont satisfaisants. « Ce mécanisme permet de compenser la perte de valeur sur la dette grecque mais celle-ci existe bel et bien », rappelle Danny Jacques.

Cette stratégie adoptée par la plupart des assureurs vie européens cotés en 2011 sera probablement poursuivie en 2012 si certains titres de dette européenne exigent d’être dépréciés dans le compte de résultat. Et si les taux demeurent bas, les plus-values latentes potentielles seront confortables.

Mais les assureurs vie ont-ils encore suffisamment de plus-values latentes ? « Si la situation de certains États continue d’empirer, les assureurs seront dans une situation plus délicate, mais il leur reste encore des marges de manœuvre. » Certains analystes sont plus réservés : « Les plus-values ne seront plus suffisantes si la situation persiste et surtout si elle s’étend à des pays qui, comme l’Italie, représentent des expositions plus importantes que la Grèce dans les portefeuilles des assureurs ; dans un tel cas de figure, les rendements pour les assurés seront nécessairement amenés à baisser », explique Jérôme Cassagne, analyste chez AlphaValue.

Mais si la crise des souverains se poursuivait, elle aurait aussi des conséquences pour les établissements. « Le vrai problème pour les assureurs se manifeste quand la baisse de valeur des obligations impacte leurs fonds propres (après application des règles de solvabilité), poursuit Jérôme Cassagne. Par conséquent, les assureurs devraient continuer d’investir dans des titres d’État d’Europe du Nord plutôt que de chercher la performance sur des obligations des PIIGS ».

S.G.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº747