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L'actualité des M&A bancaires

Mariage dans la banque privée française

Créé le

16.08.2016

-

Mis à jour le

31.08.2016

La Banque Martin Maurel et Rothschild & Co veulent s’unir pour former un nouvel ensemble, « Rothschild Martin Maurel ». L’opération devrait être finalisée avant la fin de l’année 2016.

Tout un symbole. Deux dynasties de la finance française sont sur le point de se marier. En effet, la Banque Martin Maurel, l’une des dernières banques privées familiales dont les origines remontent à 1825, et Rothschild & Co (ex-Paris Orléans) ont annoncé le 6 juin dernier leur intention de fusionner en vue de rapprocher leurs activités en France (voir Encadré 1). Cette opération concertée s’inscrit dans la continuité des relations privilégiées qui unissent ces deux familles depuis plusieurs générations, ainsi qu’entre les deux groupes qui disposent déjà de liens étroits, en raison de participations croisées, et d’une culture commune liée notamment à leur statut de banque familiale.

Les actionnaires de la Compagnie Financière Martin Maurel recevront 126 actions Rothschild & Co pour chaque titre Martin Maurel. Ils auront aussi la possibilité de céder préalablement à la fusion leurs actions en échange du versement d’une somme en numéraire. L’offre publique valorise la Banque Martin Maurel à 240 millions d’euros, soit environ le montant de ses fonds propres. Rothschild & Co financera l’opération par l’émission d’actions nouvelles, sa trésorerie et des facilités bancaires externes. Les assemblées générales des deux banques devront se prononcer lors d’un vote en septembre prochain mais le conseil de surveillance de Rothschild & Co et le conseil d’administration de Martin Maurel ont d’ores et déjà émis un avis favorable.

La Banque Martin Maurel est une banque privée qui compte environ 400 collaborateurs. Présente dans sept villes françaises, elle concentre ses activités en Ile-de-France, Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur. Elle détient 10 milliards d’euros d’encours, dont 7 milliards d’euros en banque privée. Quant au groupe Rothschild & Co, il compte près de 2 800 collaborateurs répartis dans 40 pays. Sur un total de 50 milliards d’euros d’actifs sous gestion au niveau mondial, il détient environ 24 milliards d’euros d’encours en France, dont 10 milliards d’euros en banque privée.

D’un point de vue stratégique, ce rapprochement présente un intérêt évident pour les deux protagonistes. Coté Rothschild, il s’inscrit dans une stratégie d’élargissement de son offre en direction de la banque privée et de la gestion d’actifs, dont les résultats sont moins volatils que ceux de la banque d’affaires, le métier phare du groupe. Côté Martin Maurel, cela lui permet d’atteindre la taille critique dans un métier de banque privée prometteur mais où les contraintes, notamment sur le plan réglementaire, sont de plus en plus fortes ces dernières années.

Cette union donnerait naissance à l’une des premières banques privées indépendantes en France, avec des actifs sous gestion de l’ordre de 34 milliards d’euros dont 17 milliards d’euros provenant de l’activité de banque privée, le solde émanant du métier de la gestion d’actifs (voir Encadré 2). Elle permettrait par ailleurs de proposer à leurs clients respectifs une gamme plus large de services en banque privée, en gestion d’actifs, en financement et en banque d’affaires, ainsi que d’améliorer de manière significative la couverture du territoire français.

Plus globalement, cette fusion illustre la nécessité d’une concentration des acteurs de la banque privée afin de répondre aux défis suivants : la forte pression sur les revenus (environnement de taux très bas…) et l’inflation des coûts. Concernant ce dernier point, il s’agit notamment de faire face à la multiplication des réglementations contraignantes, dont le secteur bancaire fait l’objet depuis la crise de 2008, ainsi qu’à la révolution digitale en cours qui implique de lourds investissements.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº799