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Épargne de long terme : le goût du risque….

Créé le

23.11.2018

-

Mis à jour le

12.12.2018

Développer les financements de marché de long terme, flécher l’épargne des particuliers vers l’investissement en actions, privilégier les placements en unités de compte plutôt qu’en euros… Autant d’incitations qui, in fine, reportent le risque sur la tête des particuliers, en principe en contrepartie d’une meilleure rentabilité : sont-ils prêts ? Des études récentes soulignent [1] que les Français continuent envers et contre tout à privilégier les placements sans risque.

Le dossier piloté par Sophie Gauvent montre pourtant que toutes les parties prenantes, y compris les défenseurs des épargnants, sont unanimes pour souligner l’intérêt pour les particuliers de placer une partie de leur épargne en actions sur le long terme. Pour y parvenir, outre les mesures fiscales et financières gouvernementales, dont récemment celles prévues dans la loi PACTE, deux leviers sont mis en avant : poursuivre les efforts en matière d’éducation financière, une tâche de longue haleine pour qu’elle porte ses fruits ; mais aussi inciter les conseillers bancaires à proposer plus directement des placements de long terme en actions, un exercice délicat car il doit s’inscrire dans une réglementation fournie sur le profil de risques de l’épargnant et le marché cible des produits, au travers notamment de MIF2 et de PRIIPS. Parallèlement, le cadre réglementaire mis en œuvre pour assurer en contrepartie la protection des épargnants est-il efficace ?

Enjeux démographiques

Le deuxième supplément de l’année de Revue Banque, réalisée en partenariat avec l’AMAFI, étudie les interactions entre transition démographique et marchés financiers. La transition démographique décrit un vieillissement de la population, entre baisse de la natalité et allongement de la durée de vie. Elle touche presque tous les pays développés mais peut prendre un rythme particulièrement rapide dans certains d’entre eux comme l’Allemagne ou le Japon. Chercheurs, économistes et professionnels sont réunis dans ce dossier pour étudier les effets de ce mouvement structurel sur l’épargne des ménages, leurs choix d’investissement, le financement des retraites, l’offre de produits existantes, les fonds de pension… Une autre façon de revenir sur la nécessité de développer des placements et financements de très long terme.

Plus d’Europe…

Hervé Sitruk (Club SEPA) appelle à une prise de conscience en Europe des enjeux de souveraineté liés à l’industrie des paiements et à celle du big data. Il définit ces derniers comme la « capacité d’avancer dans l’économie numérique, sans être dépendant des seules technologies américaines », ou encore de réaliser des paiements transnationaux, sans être dépendants des systèmes internationaux pour leur interopérabilité. La seule réglementation ne pourra pas tout faire prévient l’auteur ; ce sont aussi aux acteurs, banquiers et industriels, de porter des stratégies européennes volontaristes.

Enjeu européen toujours, mais dans le domaine de la titrisation : François Dubrau, Yann Ribière et Alrick Dupuis (Cognizant Consulting) reviennent sur le nouveau cadre réglementaire défini par l’Union européenne, pour une titrisation STS (simple, transparente et standardisée). Ces critères pourraient permettre l’émergence d’un label de qualité « made in EU » pour la titrisation, qui donnerait un avantage comparatif aux banques européennes.

…ou moins d’Europe

Brexit enfin, à quelques mois de l’échéance du 29 mars 2019, et quel que soit l’état d’avancement des négociations sur un accord de séparation, quels sont les enjeux opérationnels pour les entreprises françaises installées outre-Manche et les sociétés britanniques qui perdront leur passeport européen ? « Au premier plan des questions soulevées par la préparation et la mise en œuvre des projets Brexit figure notamment le redimensionnement des agréments et des structures en place et la revue des contrats en cours impactés » expliquent Manon Carissimo et Nicolas Mordaunt-Crook, (Pwc Société d'Avocats).

 

 

1 Lire à ce sujet « Les Français n’aiment pas le risque », Page « À suivre», Revue Banque n° 825, novembre 2018, p. 6.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº826
Notes :
1 Lire à ce sujet « Les Français n’aiment pas le risque », Page « À suivre», Revue Banque n° 825, novembre 2018, p. 6.