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Évaluation complète des banques

Des stress-tests sévères

Créé le

16.05.2014

-

Mis à jour le

28.05.2014

L'unanimité est de mise pour reconnaître le sérieux des deux scénarios élaborés par l'EBA dans le cadre des stress-tests, qui constituent la troisième et dernière étape de l'Évaluation complète des banques européennes. L'un d'eux a pour objectif de tester la résistance des banques face à un contexte macroéconomique difficile, quand l'autre permet d'observer l'évolution des établissements en période ordinaire. La sévérité retenue par l'EBA dans le scénario adverse est saluée par les connaisseurs du secteur bancaire tels que Jérôme Legras, directeur de la Recherche chez Axiom AI : « Ce scénario est un peu plus dur que la situation endurée par les banques pendant les trois premières années de la crise financière [2008, 2009, 2010], ce qui est sévère ; mais il ne sombre pas dans l'excès. » Un tel scénario risque-t-il de faire échouer un grand nombre de banques ? Selon Cyril Meilland, responsable de la recherche sur les banques européennes chez Kepler Cheuvreux, « l'EBA a une idée de la proportion de banques qui vont réussir ce test. Cette institution ne produirait pas un scénario risquant de faire échouer un nombre important de banques,  c'est donc une très bonne nouvelle de constater que l'EBA peut se permettre de tester un scénario très dur. » Un bémol doit toutefois être apporté : « le ratio de Core Equity Tier One à respecter dans le scénario adverse étant peu exigeant (5,5 %), le scénario se devait d'être ferme », juge Jérôme Legras.

Mais tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne. Cyril Meilland remarque que les banques subiront des hypothèses plus dures au Royaume-Uni et en Suède qu'à l'intérieur de la zone euro, en matière notamment d'évolution du PIB. Cette dureté refléterait la volonté de certains régulateurs nationaux d'aller plus loin que CRD 4 et de dissuader les banques de distribuer leurs résultats, volonté qui les a amenés à faire la promotion d'un stress très dur pour les banques locales.

Le stress appliqué aux titres souverains détenus par les établissements mérite l'attention, car il avait déçu dans les stress-tests antérieurs. Selon Jérôme Legras, « cette partie de l'exercice n'est pas la plus sévère. Certes, les scénarios sont robustes et le stress appliqué sur les prix de marché est pertinent, mais ces titres sont détenus dans des portefeuilles available for sale sur lesquels une période de transition est organisée dans Bâle III, donc l'effet de la variation du prix des obligations sur le capital est atténué de plus de la moitié. Si on ajoute à cela les effets fiscaux, ce stress sur les souverains aura peu d'impact sur les fonds propres des banques. »  Toutefois, il est beaucoup plus abouti que dans l'exercice de 2011. S. G.

Voir également Comment les banques qui échoueront pourront-elles rentrer dans le rang ?

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº773