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Le cas emblématique du blé à l’été 2010

Créé le

10.02.2011

-

Mis à jour le

01.03.2011

C’est l’exemple repris par tous les protagonistes pour servir leur argumentation, sans toujours parvenir à la même conclusion. Lorsqu’à l’été 2010, la Russie, frappée par une sécheresse et des incendies, annonce un embargo sur les exportations de blé, les cours s’envolent. Pour le Commissaire européen à l’agriculture, Dacian Cioloş, cette décision de politique nationale a créé « des mouvements amplifiés par rapport à l’état réel des stocks physiques » et appelle à « tr ouver une instance internationale où les pays pourront échanger de l’information et discuter avant de prendre ces décisions ». Quant au ministre français de l’Agriculture, Bruno Le Maire, il a pointé du doigt le rôle des acteurs financiers dans cette flambée, expliquant que la sécheresse en Russie « aurait dû faire monter les prix sur le marché de 100 euros la tonne à, disons, 140 ou 150 euros. Pas 200 ou 220. » D’où la nécessité de « réduire la spéculation ».

Un diagnostic qu’est loin de partager Vincent Godier : « Jusqu’à fin juin, la tonne de blé s’échangeait à 140 € la tonne. L’annonce des Russes de bloquer les exportations suite à leurs problèmes de sécheresse fait bondir le cours à 230 € jusqu’à mi-août, puis il oscille entre 200 et 235 € jusqu’à fin novembre. Mais une fois les stocks et la production mondiale connus pour 2010, le cours bondit à 265 €. Quinze ans auparavant, les cours seraient montés plus lentement mais auraient atteint les mêmes niveaux. »

La démonstration de l’une ou de l’autre des théories sera difficile à suivre sur 2011 : les inondations australiennes de cet hiver ont d’ores et déjà placé les marchés mondiaux du blé en état d’alerte, avec ou sans « spéculateurs »… S.L.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº734