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Une étoile double pour héberger le SI des Banques populaires

Créé le

21.10.2010

-

Mis à jour le

16.06.2017

À Castres, BPCE a inauguré son nouveau datacenter. Placé sous le signe du gigantisme et de la redondance, il servira à terme de cœur pour l’ensemble du système informatique de BPCE.

En projet depuis le premier rapprochement entre Caisses d’Épargne et Banques Populaires en 2007, le datacenter (ou centre de données informatiques) Albiréo [1] est en fonctionnement depuis le 25 mai 2010. Situé dans l’agglomération Castres-Mazamet (Tarn), il servira à terme de nœud central pour toutes les opérations informatiques de BPCE. Pour l’instant, il gère déjà les activités de 17 des Banques Populaires [2] , de 3 Caisses de Crédit Maritime et de la Banque de Savoie. De conception récente, il a entraîné la transformation du service informatique des banques concernées en un cloud privé. En effet, pour ne pas interrompre l’activité des agences, la migration a entraîné la virtualisation de 80 % des serveurs utilisés par le groupe. Cette souplesse permettra d’intégrer à partir de la mi-2011 les systèmes informatiques venus d’autres banques du groupe BPCE et, pourquoi pas, dans l’intervalle d’héberger, contre rémunération des entreprises tierces. « Nous ne nous l’interdisons pas, reconnaît Philippe Queille, membre du directoire BPCE en charge des opérations, même si ce n’est pas notre cible prioritaire. »

 

Tout en double

Albiréo est composé de deux sites – Saphir et Topaze – distants d'un kilomètre et liés entre eux par une fibre optique pour obtenir une réplication synchrone entre les deux sites. Chaque opération effectuée dans l’un des sites est instantanément copiée sur le second pour qu’en cas de problème sur l’un d’entre eux, le deuxième prenne la relève. Chacun sert de site primaire pour dix des banques présentes, et de site de sauvegarde (dit secondaire) pour les dix autres. Chaque site dispose également de deux sources indépendantes d’électricité et de deux connexions télécom, le tout avec des chemins physiques distincts, toujours pour éviter de ne dépendre que d’une source. Pour chaque bâtiment, deux salles informatiques de 750 m2 peuvent être aménagées, même si pour l’instant seule l’une d’entre elles est opérationnelle et n’est qu’à moitié remplie. De plus, le terrain est suffisamment grand pour construire deux autres bâtiments identiques si le besoin s’en fait sentir. La BPCE veut en effet pérenniser son investissement pour les 15 à 20 ans à venir. Son informatique ne quittera pourtant pas totalement la région parisienne, car le datacenter historique fonctionne toujours, avec une mise à jour asynchrone avec Albiréo. Des sauvegardes sur bandes quotidiennes,  stockées dans un lieu tenu secret, complètent le dispositif de sécurité.

 

Une séparation stricte des zones

Pour des contraintes budgétaires, mais également pour mettre en avant la fibre écologique, Albiréo – conçu pour le compte d ’i-BP [3] par IBM, l’un des champions du Green IT dans les datacenter – intègre certaines innovations pour atteindre un PUE [4] de 1,7, tout en garantissant une disponibilité de 99,999 %. Pour cela, outre une redondance extrême des outils, le cloisonnement entre les différents secteurs est poussé à son maximum pour éviter toute erreur humaine, ou toute propagation d’un incident technique. Ainsi, l’entrée aux différentes parties du datacenter se fait en utilisant son empreinte digitale. Chaque personne ayant accès au centre est répertoriée,et l’on détermine avec précision les salles qui leur sont ouvertes. Ainsi, un électricien ne peut accéder ni à la salle informatique, ni au circuit de refroidissement; le responsable de la climatisation n’ira que dans la salle de refroidissement de l’eau ou dans celle où se font les échanges thermiques entre l’eau et l’air; les informaticiens n’iront que dans la salle informatique. Dans celle-ci, il faut même une autorisation spéciale pour accéder à la partie grillagée hébergeant les serveurs dédiés aux transactions cartes bancaires.

 

Des innovations mises en productions

Le faux plancher important (1m50 de profondeur) couplé à une bonne répartition entre zone chaude et zone froide (du moins tant que la salle informatique n’est pas encore complètement remplie) et à l’envoi d’air froid du sol au plafond à des pressions différentes suivant les machines à refroidir (plus fort et donc plus vite pour les baies les plus chaudes) permettent de maintenir dans la salle informatique une température constante de 24°C. Malgré la présence de nombreux serveurs lames, et sans la moindre portion de refroidissement à eau ! Même si des systèmes de ce type peuvent être utilisés le cas échéant, l’eau n’est pour l’instant utilisée, en circuit fermé donc sans prélèvement ni rejet à l’extérieur, que pour refroidir l’air à l’intérieur des salles. Dernière originalité, les robots de sauvegardes – deux StorageTek SL8500 par salle – ne sont pas dans la salle informatique, mais dans un espace dédié. Ceci afin de ne pas perturber l’environnement de la salle principale avec les manipulations fréquentes qu’ils nécessitent.

 

Albiréo en chiffres

-         5 millions d’investissements par site

-         70 000 m2 de terrain réparti sur deux parcelles équivalentes à 1 km de distance

-         2 bâtiments de 6000 m2, avec deux salles informatiques de 750 m2 et une production maximale de 2 kW/m2

-         Une salle en production sur chaque site avec une puissance de 1,5 kW/m2

-         Par salle : 1000 à 1200 serveurs x86, une baie Terradata pour le transactionnel, un mainframe Z10 à 12000 Mips (millions d’instructions par seconde)

-         12 groupes électrogènes de 2 000 kVA chacun, 40 onduleurs de 600 kVA, 24 groupes frigorifiques, 88 recycleurs de climatisation, 10 600 batteries donnant une autonomie de 20 minutes en cas de coupure, 8 citernes de fioul de 80 m3.

-         20 collaborateurs d’i-BP et des prestataires externes.

 

 

Le poids d’Albiréo sur l’activité de BPCE

-         6,6 millions de clients particuliers, professionnels et entreprises

-         70 millions de comptes clients et internes banques

-         2 700 agences et 31 000 postes connectés

-         6 400 distributeurs automatiques de billets

-         8 millions de retraits par mois

-         37 millions de mouvements de cartes par mois

-         24 millions de virements par mois

-         2,7 millions de clients des services de banque en ligne

-         15 millions de connexions par mois

-         700 000 transferts de flux clients/banques par mois

1 Du nom d’une étoile double – l’une jaune rouge et l’autre bleue - dans la constellation du Cygne et faisant allusion aux deux bâtiments distants d'un kilomètre constituant l’ensemble. 2 Seule la Bred fait bande à part. 3 voir Revue Banque nº 723. 4 PUE – power usage effectiveness. Mesure d’efficacité qui établit un ratio entre l’énergie totale consommée par le data center divisée par l’énergie effectivement consommée par le matériel informatique de production. Dans l’idéal, ce PUE devrait égaler 1. En pratique, la plupart des data center – y compris les Américains et les asiatiques très gourmands – tournent autour de 2,5. Et les plus récents atteignent les 1,6.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº729
Notes :
1 Du nom d’une étoile double – l’une jaune rouge et l’autre bleue - dans la constellation du Cygne et faisant allusion aux deux bâtiments distants d'un kilomètre constituant l’ensemble.
2 Seule la Bred fait bande à part.
3 voir Revue Banque N- 723.
4 PUE – power usage effectiveness. Mesure d’efficacité qui établit un ratio entre l’énergie totale consommée par le data center divisée par l’énergie effectivement consommée par le matériel informatique de production. Dans l’idéal, ce PUE devrait égaler 1. En pratique, la plupart des data center – y compris les Américains et les asiatiques très gourmands – tournent autour de 2,5. Et les plus récents atteignent les 1,6.
RB