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Résultats bancaires

Une année test pour le modèle français

Créé le

19.02.2024

-

Mis à jour le

20.02.2024

Environ une semaine plus tôt qu’à l’accoutumée, les banques françaises ont publié leurs résultats annuels. Pour 2023, la première reste BNP Paribas, dont le résultat s’est envolé de 10,9 % à un record de 10,97 milliards d’euros. Progressant de +4 %, le produit net bancaire (PNB) de Commercial, Personal Banking & Services a été soutenu par les banques à l’étranger et Arval, amortissant le recul des métiers Global Markets (-7,4 %), qui se normalisent, et d’Investment & Protection Services (-3,8 %), pénalisés par l’immobilier. Les frais de gestion, qui incluent des coûts de réorganisation de Personal Finance, ont crû de 1,1 milliard, à 30,95 milliards. Pour autant, le coefficient d’exploitation s’est amélioré de 64,7 % à 61,6 %. Le ROTE (Return On Tangible Equity) s’est renforcé de 10,2 % à 10,7 %. La non-rémunération des réserves obligatoires, la taxe bancaire belge sur les dépôts et les émissions de bons de l’État belge achetés massivement par les déposants ont contraint la banque à reporter de 2025 à 2026 sa cible de ROTE de 12 % et à la ramener à une fourchette de 11,5 %-12 %.

En dépit de la stagnation du PNB de sa banque de détail (-0,4 %), Crédit Mutuel Alliance Fédérale (CMAF) a publié un résultat record, qui a grimpé de 18,9 % à 3,94 milliards, confirmant la solidité de son modèle diversifié de bancassurance universelle. Le mutualiste a été soutenu par le crédit à la consommation (+5,8 %), notamment par Targobank (+11,7 %), mais aussi par la banque de financement (+33,7 %) et les activités de marché (+36 %). Dans le contexte d’inflation, le coefficient d’exploitation s’est alourdi de 55,1 % à 57,1 %, un niveau en ligne avec la stratégie d’investissement. En 2024, CMAF consacrera 617 millions d’euros au dividende sociétal.

Des éléments « exceptionnels »

En dépit d’un dernier trimestre impacté par une forte sinistralité climatique côté assurance, les feux étaient presque tous au vert en 2023 pour Crédit Agricole. Le groupe (Crédit Agricole SA et les 39 Caisses régionales de Crédit Agricole) a vu son PNB et son résultat croître, respectivement de 4,8 % à 36,49 milliards et de 3,2 % à 8,258 milliards, le résultat Crédit Agricole SA ressortant à un record de 6,348 milliards. Alors que les revenus du réseau LCL ont stagné et ceux des Caisses régionales ont reculé de 6,3 %, la banque diversifiée a bénéficié du dynamisme des services financiers spécialisés (+29,3 %), des grandes clientèles (+11 %), des banques de proximité à l’international (+19,8 %).

En chute de 60 % entre octobre et décembre, le bénéfice de Société Générale a bondi en 2023 de 36,6 % à 2,49 milliards, malgré un PNB en retrait de 7,6 % et la hausse des pertes du Hors Pôles de 302 millions à 1,066 milliard, liée à des opérations de couverture. La normalisation des « pertes nettes sur autres actifs », publiées à -113 millions en 2023 après celles de -3,29 milliards en 2022 consécutives à la vente des activités russes, joue pour beaucoup. D’autant plus que le PNB du pôle Banque de détail en France, Banque privée et Assurances s’est dégradé de 12,9 %, affecté par la compression de 22 % de la marge nette d’intérêt (MNI), et que la Banque de grande clientèle et solutions investisseurs a ralenti de 4,6 %. Déterminée à améliorer son efficacité opérationnelle, la banque, qui envisage de supprimer 900 postes à son siège de La Défense, prévoit 500 millions d’économies en 2024 et cible un coefficient d’exploitation inférieur à 71 %, après 73,8 % en 2023 et 66,3 % en 2022.

Affectés par la hausse des taux et de l’évolution du coût du passif sur l’épargne réglementée et non réglementée, les revenus et le résultat de BPCE ont fléchi, respectivement, de 7 % à 22,2 milliards et de 25 % à 2,8 milliards. La MNI s’étant érodée de 25 %, la Banque de Proximité et Assurance, qui inclut Banque Populaire et Caisse d’Épargne, a freiné de 8 %. Tout n’était pas noir cependant : le PNB du pôle Global Financial Services s’est embelli de 3 %, sous l’impulsion de la Banque de Grande Clientèle (+7 %).

Si les résultats de 2023 sont historiques pour certains des grands acteurs, les marchés ont sanctionné des éléments « exceptionnels », voire « extraordinaires ». Cette année et 2025 devront encore démontrer la résilience du modèle bancaire français.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº890
Les coefficients d’exploitation globalement sous pression en 2023
$!Une année test pour le modèle français
Nickel, un autre modèle
Nickel vise un total 5,5 millions de clients d’ici la fin de l’année prochaine. Cette filiale de BNP Paribas en comptait 3 millions en France l’an dernier, contre un peu plus de 2 millions en 2022. Elle s’est lancée en Allemagne en septembre 2023. Elle est ainsi présente dans cinq pays, avec l’Espagne, la Belgique et le Portugal. Point commun de tous ces marchés : un réseau de buralistes. À l’heure où le nombre d’agences bancaires se réduit, Nickel conserve ce modèle de distribution alternatif, qui fête ses 10 ans cette année.
Rebaptisée Nickel en 2018, un an après son rachat par BNP Paribas, la fintech, restée autonome, a démocratisé l'accès aux services financiers en permettant à chacun d'obtenir un compte bancaire et une carte de paiement dans les bureaux de tabac partenaires à partir de 2014. Elle avait été lancée par Ryad Boulanouar, ingénieur en informatique, sous le nom de No Bank en 2010. Nickel étudie aujourd’hui la possibilité de se développer encore, en Italie, Autriche, et Grèce. O. D.
RB