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Modèles et rentabilité bancaires

Créé le

22.12.2022

-

Mis à jour le

26.12.2022

L’enjeu de la rentabilité a été développé
dans Revue Banque au mois de mars.
Replacé dans une situation macroéconomique qui a évolué, il est revisité pour ce numéro sous l’angle des modèles opérationnels associés.

Éric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, l’anticipait au mois de mars : « La hausse des taux d’intérêt impactera les profits des banques », différemment pour les françaises, les espagnoles ou les allemandes. « Pendant des années, nous avons regardé en direction de la Banque Centrale Européenne et des taux d’intérêt bas, voire négatifs, qui ont eu des effets défavorables pour la rentabilité des banques et il était donc espéré que ceux-ci augmentent, relevait en octobre Alain Laurin, Associate Managing Director chez Moody’s France. À présent que ces taux d’intérêt augmentent, nous nous demandons si la situation est véritablement bénéfique, notamment dans un contexte de forte inflation qui n’était pas anticipé. »

$!Modèles et rentabilité bancaires

En 2023, le contexte de taux d’intérêt plus élevés, mais aussi d’inflation et de ralentissement économique aux effets divergents relance le sujet. Outre le contexte économique et autres éléments exogènes (par exemple Bâle 3, les normes comptables, ou des considérations fiscales), sur quels facteurs repose la rentabilité des banques européennes ? « Parmi les facteurs dits “endogènes”, on peut mentionner la franchise, la stratégie de la banque, la qualité de son management, la gestion de ses risques et son efficacité opérationnelle », liste le spécialiste de la notation des institutions financières chez Moody’s.

Un modèle reconnu

Vanté pour sa stabilité, le modèle français de banque universelle constitue-t-il un atout ? « Fortes et faibles à la fois », estime Rafaël Quina chez Fitch Ratings, les banques de l’Hexagone se caractérisent par les attributs suivants, pour son confrère chez Moody’s :

– la taille et la qualité de leur franchise : entre cinq et six banques se partagent le marché français, dominé par des groupes mutualistes ;

– la diversification de leurs activités : elles ont une activité à l’international significative ;

– une gestion des risques rigoureuse ;

– un généreux social safety net : en cas de crise, l’État accorde généralement un soutien important aux ménages et entreprises ;

– une efficacité opérationnelle moyenne.

Investir est nécessaire

« Par rapport à leurs consœurs européennes, les banques françaises affichent une rentabilité relativement faible, constate Alain Laurin, comme Rafaël Quina en mars. L’efficacité opérationnelle demeure moyenne. Cependant, les partages des revenus entre intérêts et commissions sont particulièrement adaptés. Le coût du risque est très bon en France. Enfin, le net income trend est positif. » Si les banques françaises ont fait preuve de résilience depuis au moins 15 ans, et la crise de 2008, elles ne peuvent faire l’impasse sur des investissements pour ancrer leur rentabilité opérationnelle à venir. Outre la taille du bilan, les risques pondérés (RWA) ou le coefficient d’exploitation, la technologie et le numérique, de même les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) deviennent majeurs.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº875-876
RB