Square
 

Circle à la recherche
de partenariats
bancaires en France

Créé le

22.05.2023

-

Mis à jour le

01.06.2023

L’émetteur américain de la deuxième « cryptostable » mondiale indexée sur le dollar a choisi la France pour installer son siège européen. Il dévoile à Revue Banque ses projets de développement.

Très active durant la Paris Blockchain Week en mars, la société américaine Circle, fondée à Boston en 2013, en a profité pour déposer une demande de double agrément auprès de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et de l’Autorité des marchés financiers (AMF) pour devenir un établissement de monnaie électronique agréé et un prestataire de services d’actifs numériques (PSAN). « Cela peut prendre six mois ou un an. Nous ne sommes pas pressés », explique à Revue Banque Dante Disparte, directeur de la stratégie de Circle (lire Revue Banque d’avril 2023). Pour lui, la France est un choix de long terme. L’émetteur de la deuxième monnaie stable mondiale, l’USD Coin (USDC), a déjà lancé son jumeau européen, l’Euro Coin, basé sur l’euro, en juin 2022.

« Notre vision est que, si nous réussissons en France, cela va nous servir de siège réglementaire en Europe », annonce le dirigeant. Pour Circle, la France est un pays de choix pour importer leur monnaie numérique basée sur l’euro. « La France bénéficie d’un gouvernement qui veut créer un marché concurrentiel avec les nouvelles technologies de la blockchain. C’est clair que la France commence à devenir un des leaders européens du domaine. La Paris Blockchain Week a réuni près de 10 000 investisseurs, développeurs et entrepreneurs qui veulent participer à cette troisième vague de l’internet. » Selon lui, cela va aussi permettre à Circle de créer en Europe une opération de la même taille que ses opérations aux États-Unis, affichant ses ambitions sur le Vieux Continent. Lancé en 2018, l’USDC en circulation dépasse aujourd’hui les 30 milliards de dollars.

Autre atout de la France, son secteur bancaire élargi et solide. En effet, le modèle de Circle repose sur des relations étroites avec les banques qui permettent de stocker les réserves de sa monnaie stable. « Nous n’avons pas de partenaire pour le moment mais c’est clair que nous cherchons à bénéficier de l’industrie bancaire française et européenne », note Dante Disparte. Comme il aime à le rappeler, au début des crypto-actifs, il y avait la crainte que cette innovation allait désintermédier les banques et causer une rupture avec la finance traditionnelle. « À Circle, notre expérience, c’est tout le contraire », insiste-t-il, citant son développement aux États-Unis.

Exporter le modèle américain

Circle avait, avant la crise bancaire, six partenaires bancaires, dont la new-yorkaise BNY Mellon et aussi des partenariats avec les grands gestionnaires d’actifs comme BlackRock. Actuellement, 20 % de ses réserves sont dans les banques contre 80 % placés en bons du trésor de moins de 90 jours : « On cherche à importer ce modèle en France. Pour l’instant le processus est en cours, glisse Dante Disparte. On est dans l’attente de notre licence mais on cherche à y recréer le modèle que nous avons ici aux États-Unis. »

Outre-Atlantique, Circle est récemment intervenu dans le débat parlementaire sur les stablecoins. Durant son audition devant la commission des services financiers de la Chambre des représentants le 19 avril dernier, Dante Disparte a plaidé en faveur d’une réglementation globale des monnaies stables. Interrogé sur les leçons de la faillite de Silicon Valley Bank (SVB), il est aussi revenu sur la crise qui, pendant le week-end du 11 mars, a obligé Circle à découpler temporairement l’USDC du dollar, ayant un tiers de ses réserves (3,3 milliards de dollars) bloqué au sein de SVB. Il a mis en avant les risques bancaires pesant sur les cryptomonnaies. Depuis mi-mars, l’USDC a, en effet, perdu plus de 10 millards de dollars en circulation.

À cet égard, l’adoption du règlement européen MiCA, qui devrait entrer en vigueur en 2026, renforce l’attrait de la France. « Avec l’arrivée de la réglementation européenne MiCA, nous cherchons à être les premiers participants dans ces nouvelles structures européennes », résume Dante Disparte.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº881
RB
RB