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Fintechs : L’égalité salariale entre hommes et femmes est une urgence

Créé le

09.02.2023

-

Mis à jour le

20.04.2023

Les femmes gagnent moins que les hommes, dans la finance davantage que dans d’autres secteurs, et la fintech ne fait pas exception. Les jeunes pousses de la finance ont pourtant tout intérêt à miser sur la transparence et l’égalité salariale. Pas seulement lors de la Journée de la femme, chaque 8 mars.

C’est une réalité que l’on ne peut plus nier : les start-up de la finance accusent un net retard en matière d’égalité salariale entre hommes et femmes. Faire partie de l’écosystème tech n’immunise donc pas contre les discriminations... Fondées sur l’analyse de plus de 1 100 entreprises européennes, les données sont éloquentes : tous postes confondus, les femmes de la fintech gagnent en moyenne 22 % de moins que leurs collègues masculins, soit un peu moins encore que dans l’ensemble de la tech (20 %), et l’écart est bien supérieur à ce qu’Eurostat constatait en 2020 pour le marché du travail français en général (15,8 %).

La réalité de l’inégalité dans la fintech devient même choquante une fois que l’on a constaté l’écart de 6,2 % en défaveur des femmes à poste égal. Mais ce qui surprend encore plus peut-être est de voir ces start-up financières faire pire que leurs grandes sœurs « traditionnelles ». En 2022, le CFO (Chief Financial Officer) Salary Benchmark de Spendesk révélait que l’écart salarial hommes-femmes global dans le secteur de la finance, en France, s’élevait à 15 %.

Seulement 13 % de femmes
C-Level

Les chiffres ne mentent pas et nous rappellent comment la finance et la fintech cultivent les inégalités salariales. Pourquoi de telles lacunes persistent-elles ? Quelles sont les racines d’un tel déséquilibre ? Ces dernières années, de nombreuses études se sont penchées sur le sujet. Faible féminisation du corps enseignant en cursus de finance, imaginaire collectif tenace autour du trader viril, préjugés sexistes à l’œuvre... Une conjonction de facteurs fait que le milieu reste à forte dominante masculine et qu’avec 35 % de femmes dans ses effectifs, contre près de 41 % dans la tech en général, la fintech n’a fait que reproduire la tendance. Or, l’écart se creuse plus dramatiquement encore parmi les postes les plus qualifiés et à responsabilités. Dans les métiers du développement, par exemple, les femmes ne sont que 13 % dans la fintech, contre 15 % dans le reste de la tech. Le déséxquilibre est tout aussi flagrant pour les fonctions exécutives : on trouve 13 % de femmes C-Level dans les fintechs, moins que dans la tech (18 %)... qui affiche pourtant déjà un niveau alarmant.

À mesure qu’elles s’élèvent, les femmes se heurtent à un plafond de verre toujours plus épais. Il est alors éclairant de constater que les start-up de la fintech sont fondées en très grande majorité par des hommes. Les équipes fondatrices ne comptent que 5 % de femmes, contre près de 9 % dans la tech en général. Cette si faible représentation féminine dès l’origine alimente sans aucun doute les inégalités salariales, de façon ruisselante.

En 2018, une étude du Fonds monétaire international (FMI) avait révélé le caractère généralisé de ce déséquilibre en cours dans la finance et à échelle mondiale. Avec seulement 2 % de femmes Chief Executive Officer (CEO) et moins de 20 % de membres féminins dans les conseils d’administration, le secteur n’a pas pris la mesure de l’urgence. Pourtant, comme le rappelait le FMI lui-même, les banques disposant de plus de femmes dans les sphères décisionnelles sont plus saines et performantes. En fait, nous sommes assis depuis des décennies sur des clichés sexistes qui font le lit d’une ségrégation professionnelle contreproductive.

La transparence salariale,
un levier de transformation

La fintech doit se transformer au plus vite. D’abord parce que l’égalité salariale est l’une des grandes attentes de notre époque, mais aussi en raison du durcissement du cadre réglementaire. En décembre 2022, les avancées des institutions européennes en faveur d’un renforcement des obligations autour de l’égalité et de la transparence salariale a constitué un signal fort. La fintech aurait tout à gagner à montrer l’exemple et nettoyer ses placards sans attendre que la loi ne l’y contraigne. Elle en sortira gagnante. Partielle ou totale, la transparence des salaires est un puissant levier de transformation. Lever le secret autour de sa stratégie de rémunération est en effet un remède pour briser les inégalités, insuffler une nouvelle confiance et attirer les talents. Les entreprises les plus transparentes comptent davantage de femmes aux postes à responsabilité et les sociétés financières dont les directions et conseils d’administration sont les plus féminisées affichent une plus grande stabilité et de meilleures performances. CQFD.

Les jeunes pousses de la fintech qui refusent de s’engager dans cette voie prendraient le risque de voir se dégrader leur marque employeur et, en parallèle, leurs résultats.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº878
Etude de cas – Égalité professionnelle entre femmes et hommes : une préoccupation constante pour Nickel
Fondé en 2014 par quatre personnes, racheté par BNP Paribas en 2017, Nickel poursuit son déploiement en Europe, avec le lancement en 2022 de l’offre en Belgique et au Portugal, et atteint près de 3 millions de comptes ouverts au total depuis sa création (en moyenne 53 000 par mois en 2022).
▪ Plus de 700 collaborateurs dans cinq pays
▪ 47 % de femmes dont :
- 45 % parmi les managers
- 40 % au Comité de direction
▪ Index d’égalité professionnelle (rémunération hommes/femmes) :
- 83 % en 2020
- 88 % en 2021
- 93 % en 2022
(Chiffres au 31 décembre 2022.)
Écart salarial entre hommes et femmes - Étude Figures
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