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Paiement mobile : que prépare la grande distribution ?

Créé le

22.12.2014

-

Mis à jour le

14.06.2017

Longtemps pensée comme accessoire de l’activité principale de vente, l’activité banque des grands distributeurs reste pourtant soutenue. Du côté informatique, elle est surtout pour eux une occasion de tester de nouvelles approches. L'année 2015, avec la généralisation du sans-contact et la concurrence accrue de certains acteurs comme PayPal, en sera encore une fois la preuve.

Savez-vous quel fut longtemps le plus grand diffuseur de cartes de paiement sans contact en France ? Carrefour Banque, avec sa carte Pass passée en sans contact le 11 février 2009. Et quelle première société a testé en France le paiement biométrique ? Auchan, avec la première expérimentation de Natural Security à grande échelle en 2013 (voir Revue Banque n° 754). Pour la grande distribution, l’innovation est également une manière de séduire ses clients, souvent plus volatils que dans le mode bancaire traditionnel. Alors que PayPal et d’autres acteurs d'Internet (voir Revue Banque n° 776) se lancent dans une opération de séduction dans le monde du paiement mobile en point de vente, 2015 devrait marquer une étape importante dans la riposte, avec la mise en avant de différentes applications mobiles. « Nous commençons à avoir des discussions sérieuses avec des marchands qui veulent faire du paiement dans leurs applications mobiles » constate Christophe Pecquerie, directeur opérationnel d’Airtag. « La restauration rapide est intéressée, et le restaurant avec le système de partage de note ou la multiplication des moyens de paiement. L’autre tendance consiste à lier le compte de paiement et la carte de fidélité avec une tokenisation du paiement lié. Ce sera pour eux le gros sujet de 2015. »

Le QR Code comme première étape mobile

Le paiement sur téléphone mobile n’est pourtant pas une nouveauté en grande distribution. Depuis décembre 2013, sept hypermarchés Leclerc testent Paiement Flash, une application basée sur le QR Code développé par Flashiz qui fonctionne sous iOS, Android et BlackBerry OS. Celle-ci permet principalement d’associer sa carte bancaire à l’application et de payer en magasin en scannant un QR Code en caisse. Mais il ne semble pas que les bons de fidélité dématérialisés dans l’application Mon Leclerc y soient directement accessibles. Avec son application Flash’n’pay développée en interne pour iOS et Android, Auchan a lui aussi misé sur le QR Code, mais il va bien plus loin : outre le paiement par QR Code en magasin et sur le site Internet, cette application intègre la gestion des cartes de fidélité et des bons de réduction dont les avantages sont utilisables à la volée au moment du paiement, la gestion des listes de courses, etc. Depuis septembre 2014, celle-ci est généralisée à l’ensemble des magasins du groupe. En revanche, si ces applications semblent fascinantes sur le papier, il est bien difficile de savoir si, en pratique, elles séduisent les clients. Par peur de la concurrence, ni Auchan ni le groupe Leclerc, contactés par nos soins, n’ont voulu communiquer leurs chiffres.

Paiement et fidélité NFC sur la SIM, en attendant le HCE

Si ces deux enseignes ont choisi un format standard comme le QR Code, celui-ci présente l’inconvénient de ne pas être rapide au passage en caisse. Il faut en effet sortir le téléphone et bien positionner son capteur photo pour obtenir un scan net de l’image, perdant ainsi de précieuses secondes en caisse. La prochaine étape sera celle vers le NFC. La première offensive aura lieu en mars prochain, avec le secret de Polichinelle le moins bien gardé du moment : Carrefour Banque s’apprête à lancer une version dématérialisée de sa carte Pass. Les porteurs de la carte pourront, s’ils ont un téléphone NFC compatible, télécharger une version de celle-ci dans leur carte SIM pour l’utiliser en caisse. Comme la carte Pass physique, la version dématérialisée permettra de payer au comptant, en trois fois sans frais ou à crédit, et de faire son choix en caisse. Elle devrait également intégrer la fidélité et le remboursement des avantages à la volée en caisse. Outre Carrefour, Casino devrait également lancer sa solution cette année, même s’il a réussi à garder le secret sur les principales fonctionnalités de son application. Si les premières versions de ces nouvelles applications restent basées sur la carte SIM, il n’est pas impossible de voir apparaître, à terme, des déclinaisons basées sur d’autres éléments sécurisés ou sur HCE (Host Card Emulation) au fur et à mesure que le modèle s’affinera. D'ailleurs Airtag s’annonce confiant : « Nous nous positionnons en concurrent directe de Wordline ; le client choisi notre solution et il n’a plus rien à faire. » Toute l’intégration du paiement dans l’application se fera du côté d’Airtag, ce qui promet un développement rapide et la possibilité d’adapter facilement son application aux besoins des clients. La société devrait, dans les semaines qui viennent, annoncer la signature de quatre nouveaux clients, bancaires comme en grande surface, en Europe. Pour elle, le frein aux développements de nouvelles applications mobiles n’est pas tant un choix dans la technologie supportant le NFC, mais celui à faire en matière de système d’exploitation. Pour Christophe Pecquerie, « ce qui gêne les revendeurs, c’est que iOS et Android n’offrent pas encore toujours les mêmes possibilités, or ils veulent atteindre la plus large cible possible ».

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº779