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Rétrospective 2016

Fusions & acquisitions bancaires : consolidation et recentrage

Créé le

20.12.2016

-

Mis à jour le

22.12.2016

Dans un contexte économique morose et un environnement réglementaire de plus en plus contraint, 2016 n’a encore pas été une année flamboyante sur le front des fusions acquisitions. Comme le souligne Georges Pujals, « les grandes opérations pan-européennes très structurantes ont pratiquement disparu depuis la crise de 2008 ». L’année écoulée a plutôt été marquée par les recentrages et consolidations d’activités au sein de l’industrie bancaire :

  • les opérations dans le secteur bancaire italien et espagnol en sont des exemples marquants : fusion de Banco Popolare avec Banco Popolare di Milano, accompagnée d’une augmentation de capital de 1 milliard d’euros pour Banco Popolare en raison de son encours de créances douteuses ; recapitalisation probable d’Unicredit, après avoir réalisé des cessions d’actifs, notamment la vente de sa filiale de gestion d’actifs Pioneer à Amundi ; en Espagne, le fonds de restructuration bancaire réfléchit à la fusion de Bankia et Banco Mare Nostrum, deux établissements publics dont il détient la majorité suite au soutien apporté pendant la crise ;
  • autre mouvement notable : la banque britannique Barclays se recentre sur la banque de détail au Royaume-Uni et la banque d’investissement à Londres et New York. Elle a cédé en 2016 son réseau d’agences en Italie, sa banque privée à Singapour et Hong Kong, les activités espagnoles et portugaises de sa filiale Barclaycard, et compte également se retirer d’Afrique. La banque britannique serait en outre, en négociation exclusive avec un fonds britannique pour lui céder ses activités françaises de banque de détail et de gestion d’actifs ;
  • le conglomérat américain General Electric est sorti des activités bancaires en France, en les cédant au fonds américain Cerberus Capital Management. Il a également vendu sa filiale de gestion d’actifs GE Asset Management à State Street ;
  • Axa, qui se recentre au Royaume-Uni sur l’assurance dommage, santé, et la gestion d'actifs a ainsi annoncé trois opérations de cession outre-Manche ;
  • enfin, la banque privée se consolide, dans un contexte de taux d’intérêt bas et de réglementation croissante générant une forte tension sur sa rentabilité : en témoignent le rapprochement de la Banque Martin Maurel et Rothschild, celui de la banque Leonardo avec UBS, ou encore en Suisse, le rachat par le gestionnaire de fortune EFG International de la banque privée tessinoise BSI, jusqu’alors filiale du groupe brésilien BTG Pactual.
2017 devrait globalement confirmer les mouvements de 2016 : consolidation d’un côté et investissement dans le digital de l’autre (voir Encadré). Toutefois, « la réapparition de grands deals pan-européens n’est peut-être pas entièrement à exclure » estime Georges Pujals, car les banques ont engrangé du cash et leur situation s’est assainie. Des rapprochements pourraient notamment à nouveau intervenir entre banques et assurances, à l’instar du partenariat récemment annoncé entre BNP Paribas et la Matmut.

E. C.

 

Ils ont dit

La consolidation bancaire italienne reprend

« L’opération d’envergure entre Banco Popolare et Banca Popolare di Milano pourrait donc marquer le coup d’envoi d’un vaste mouvement de consolidation du secteur bancaire transalpin (UBI Banca, BPER, BMPS…), lequel se trouve être aujourd’hui bien plus fragmenté que ceux des pays voisins. Une multiplication des rapprochements entre banques contribuerait à renforcer la rentabilité et la solvabilité des principaux acteurs du marché. »

Georges Pujals, Bureau Van Dijk, Université Paris Descartes, Chronique « L’actualité des M&A bancaires »,

Revue Banque n° 796, mai 2016, p. 11.

 

Barclays accélère son recentrage

« Prochaine étape : son retrait d’Afrique, annoncé en mars dernier par le nouveau directeur général du groupe bancaire, Jes Staley. Cela représenterait un véritable symbole, car Barclays y est présente depuis près d’un siècle et figure parmi les plus grandes banques du continent africain. D’ici deux à trois ans, la banque britannique envisage de céder sa participation de 62 % dans sa filiale, Absa, laquelle est présente dans douze pays d’Afrique où elle compte près de 12 millions de clients et emploie 40 000 salariés. »

Georges Pujals, Bureau Van Dijk, Université Paris Descartes, Chronique « L’actualité des M&A bancaires », Revue Banque n° 797, juin 2016, p. 10.

 

L’équation des banques privées

« Les acteurs de la banque privée sont plus que jamais en quête d’une taille critique leur permettant de réaliser les investissements nécessaires afin de faire face aux nouvelles réglementations et évolutions du secteur. Selon une étude récente du cabinet McKinsey, la taille critique en banque privée est aujourd’hui évaluée autour de 10 milliards d’euros, contre 5 milliards d’euros en 2007. Le scénario envisagé est de créer une société commune qui accueillerait les activités françaises de gestion d’actifs et de “family office” de Banque Leonardo ainsi qu’une partie de la gestion d’actifs d’UBS France. Quant aux métiers de banque privée de Banque Leonardo, ils seraient, eux, directement intégrés dans UBS France ».

Georges Pujals, Bureau Van Dijk, Université Paris Descartes, Chronique « L’actualité des M&A bancaires », Revue Banque n° 801, novembre 2016, p. 11.

 

Le rachat de Fidor par BPCE

« Créée en 2009 et 100 % mobile, [ la banque allemande Fidor] utilise les réseaux sociaux comme outil de conquête, via notamment son compte épargne dont le taux varie en fonction du nombre de likes sur Facebook, d’où son slogan “Banking with friends”. […] Fidor fait partie de la nouvelle génération de banques digitales, dans la mouvance de Simple, Atom Bank, Number 26, ou même Compte Nickel. “BPCE était la seule des grandes banques françaises à ne pas avoir de banque en ligne, souligne le consultant spécialisé Régis Bouyala. Je pense qu’une acquisition externe était plus facile à gérer qu’une création en interne dans un contexte de rivalité entre les marques du groupe et d’inquiétude des réseaux de perdre des clients. Après avoir été les premiers sur l’Apple Watch, Apple Pay et le paiement par tweet, BPCE poursuit sa logique et donne de la cohérence à son discours sur le digital.” »

Séverine Leboucher, Journaliste, Revue Banque, Revue Banque n° 799, septembre 2016, p. 15.

 

Orange se lance dans la banque mobile

« Orange connaît et maîtrise parfaitement l’ensemble des problématiques de ce qui est devenu le premier point de contact des clients avec leur banque. L’essentiel des relations entre les banques et leurs clients se fait désormais par internet ou via leur smartphone. L’opérateur télécom dispose donc d’un levier majeur pour développer des fonctionnalités moins familières aux banques. Son savoir-faire technique devrait lui permettre de dépasser les applications bancaires actuellement disponibles sur les smartphones pour transformer le mobile en véritable agence de banque et d’assurance, toujours présente dans votre poche.

Enfin, Orange n’en est pas à son premier coup d’essai réussi dans le secteur financier. En effet, il a déjà lancé une initiative similaire en Pologne en 2014 avec Orange Finanse, en s’alliant avec le groupe bancaire allemand Commerzbank. En outre, il propose depuis plusieurs années des services de transfert d’argent et de paiement en Afrique (Orange Money) ».

Georges Pujals, Bureau Van Dijk, Université Paris Descartes, Chronique « L’actualité des M&A bancaires », Revue Banque n° 794, mars 2016, p. 11.

 

Après l’Afrique, avec Orange Money, et la Pologne, avec Orange Finanse, l’opérateur de télécoms a commencé l’année 2016 en lâchant une petite bombe : il lancera sa banque mobile début 2017 en France. Pour cela, Orange a annoncé le 4 janvier dernier être en négociation exclusive avec Groupama pour racheter 65 % des actifs de Groupama Banque, qui passerait alors à un modèle uniquement mobile. Celle-ci devrait proposer l’ensemble des services classiques d’une banque : gestion du quotidien, épargne, crédit et assurance. Petite particularité de cette banque mobile : elle sera dotée d’un réseau de simili-agences, les clients pouvant, en cas de difficultés, se rendre dans les différentes boutiques Orange et les agences Groupama et GAN. Si le succès est au rendez-vous en France, la nouvelle banque mobile pourrait rapidement s’étendre à l’Espagne et à la Belgique. »

Stéphanie Chaptal, Journaliste, Revue Banque, Revue Banque n° 793, février 2016, p. 39.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº803