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Épargne

La formation va-t-elle favoriser les placements en actions?

Créé le

22.10.2018

-

Mis à jour le

25.10.2018

À l’heure où le gouvernement français souhaite que l’épargne s’oriente davantage vers le financement des entreprises, l’amélioration de la culture financière des français est perçue comme un moyen d’y parvenir.

S’exprimant dans le cadre des Assises européennes de la gestion, l’ex-secrétaire d’État auprès du ministre des Finances, Delphine Gény-Stephann [1] a souligné, le 10 octobre 2018, une tendance inquiétante aux yeux du gouvernement : « 14 % des français détenaient des actions en 2008 ; ils ne sont que 7 % aujourd’hui ». Le gouvernement compte sur la loi PACTE pour déclencher un cercle vertueux : « Une épargne mieux investie, dans des actifs à rendements plus dynamiques à long terme et qui ainsi finance mieux la croissance de nos entreprises. »

Las ! Un nouveau sondage montre que les Français sont très attachés aux placements sans risque (voir l'article Les français n'aiment pas le risque). Pour inverser cette tendance, le gouvernement compte notamment sur l’amélioration de la formation.

Meilleure culture financière au nord de l'Europe

Le président de l’AMF, Robert Ophèle, qui s’exprimait dans le cadre du même événement, a rappelé que de nombreuses études montrent le très mauvais niveau de culture financière des Français. Selon une étude FinLit (Financial Literacy) de Standard & Poors, la situation est meilleure dans certains pays du Nord comme la Suède, la Norvège et le Danemark où 71 % de la population atteint un niveau minimum de culture financière (répondre correctement à trois questions simples sur quatre). En France, le taux est de 52 % lorsque l’Allemagne atteint 66 %.

Une autre comparaison européenne est mise en avant par le président de l’AMF : « au cours des 10 dernières années, pour un flux d’épargne financière cumulé par tête qui est équivalent en France et en Allemagne, 7,5 % de ce flux cumulé est allé sur des actions et parts de fonds en France contre 10 % en Allemagne. Ainsi, parmi les principaux pays développés, la France se caractérise par un niveau de culture économique et financière faible et une inclination à investir son importante épargne dans l’immobilier et dans les placements financiers sans risque. […] Il y a quelques années, le prix Nobel d’économie Edmund Phelps a estimé qu’en relevant le niveau de culture économique des Français, le potentiel de croissance de notre économie serait accru d’environ 1 %, ce qui est énorme. »

Robert Ophèle fait siennes sept recommandations élaborées en mai 2018 par le Think tank Bruegel en faveur d’une amélioration de la culture financière des épargnants, notamment :

  • intégrer l’enseignement financier dès l’école ou le collège, avec des enseignants spécifiquement formés, comme le fait la Belgique flamande. Robert Ophèle précise qu’en France une académie pilote teste le concept ;
  • l’enseignement doit être adapté à la population à laquelle il s’adresse : s’agit-il d’épargnants aisés ou modestes ? sont-ils jeunes ou âgés ?
  • amplifier l’implication du secteur privé. « C’est le rôle clé du conseiller financier de proximité (banquiers ou conseillers en gestion de patrimoine) pour peu qu’il sache gérer ses conflits d’intérêts et assurer un consentement éclairé de ses clients », commente le superviseur.
Un vaste programme qui pourrait donc indirectement inciter les Français à prendre davantage part au financement de l’économie. S. G.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 Delphine Gény-Stephann a quitté le gouvernement à l‘occasion du remaniement du 16 octobre 2018.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº825
Notes :
1 Delphine Gény-Stephann a quitté le gouvernement à l‘occasion du remaniement du 16 octobre 2018.
RB