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L'actualité des M & A bancaires

Dexia vendu à la découpe

Créé le

10.11.2011

-

Mis à jour le

29.11.2011

Presque 3 ans jour pour jour après son premier sauvetage, l’établissement bancaire franco-belge est à terre. Il a été victime d’une nouvelle crise de liquidité due aux fortes tensions sur les dettes souveraines en Europe.

Réuni à Bruxelles le 9 octobre dernier, le Conseil d’administration de la banque Dexia a entériné la décision de démantèlement de l’établissement, prise le même jour par les gouvernements belges, français et luxembourgeois. Cela marque la fin d’une aventure ambitieuse initiée en 1996.

Sa filiale belge, Dexia Banque Belgique, a déjà été vendue à l’État belge pour 4 milliards d’euros (voir Encadré 1) : une nationalisation qui ne dit pas son nom. En ce qui concerne sa filiale française, Dexia Crédit Local, un protocole d’accord a été signé avec la Caisse des Dépôts (CDC) et la Banque Postale. D’une part, les prêts existants aux collectivités locales, logés dans le véhicule de refinancement Dexia Municipal Agency, seront repris à 65 % par la Caisse des Dépôts et à 5 % par la Banque Postale. D’autre part, la Banque Postale prendra également 65 % du capital de la nouvelle structure de financement des collectivités locales contre 35 % à la CDC.

Quant aux autres entités les plus attractives, elles devraient être cédées d’ici à la fin de l’année 2011 (voir Encadré 2). Le processus de vente de sa filiale luxembourgeoise, Dexia Banque Internationale à Luxembourg (BIL), à des investisseurs du Qatar est en cours de finalisation. Cette opération pourrait lui rapporter 900 millions d’euros. Les prétendants à la reprise de sa très profitable filiale turque, Denizbank, sont également nombreux à s’être déclarés, parmi lesquels Qatar National Bank, Mashreq Bank, Sberbank… Selon plusieurs sources, Dexia pourrait en retirer jusqu’à 6 milliards de dollars. RBC Dexia Investor Services, la coentreprise spécialisée dans les services titres détenue à 50 % par Dexia, semble par ailleurs intéresser son partenaire canadien Royal Bank of Canada (RBC). Des discussions auraient déjà eu lieu entre les parties, mais elles auraient achoppé sur la question du prix. Les négociations pourraient néanmoins aboutir sur une transaction comprise entre 300 et 400 millions de dollars canadiens. Enfin, sa filiale de gestion d’actifs, Dexia Asset Management, est susceptible d’intéresser les acteurs du secteur désireux de grossir pour absorber les coûts des nouvelles réglementations. Fin 2010, elle gérait 84,6 milliards d’euros d’actifs.

Une fois ces différentes cessions réalisées, la holding du groupe devrait afficher un ratio de fonds propres supérieur à 20 %, ce qui devrait lui permettre de faire face à des pertes éventuelles sur ses actifs résiduels cantonnés dans une structure de défaisance (bad bank). Ces derniers sont composés d’un portefeuille obligataire à risque d’une valeur supérieure à 90 milliards d’euros et d’actifs considérés comme « difficiles à vendre » (Dexia Crediop, Dexia Sabadell, DKD). Accident isolé ou signe avant-coureur de nouvelles perturbations dans la banque européenne, le cas Dexia est un exemple à méditer. Au-delà des considérations relatives à une expansion trop rapide et mal maîtrisée, cette histoire est avant tout la preuve qu’il serait dangereux d’appréhender la question de la fragilité bancaire sous le seul angle de la solvabilité.

Achevé de rédiger le 9 novembre 2011

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº742
RB