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Financement des entreprises

Désintermédiation, les TPE-PME aussi ?

Créé le

21.10.2016

-

Mis à jour le

27.10.2016

On parle de « désintermédiation » pour les grandes entreprises qui se dirigeraient vers un modèle américain, avec une part croissante de financement non bancaire. Quid des petites entreprises, alors que subsistent des besoins non financés par les banques et qu’émergent de nouvelles sources de financement ? Les PME peuvent-elles se passer des banques ? C’est la question qui a été posée aux participants de la table ronde organisée par l’Association des journalistes PME (Ajpme) le 14 octobre.

« Aujourd’hui, 9 entreprises sur 10 ont accès au financement qu’elles demandent, rappelle Christophe Descos, responsable du marché des entreprises, Banques Populaires. Sur certaines niches, c’est plus compliqué ; les business models plus disruptifs demandent une analyse du risque plus complexe ». Les Banques Populaires ont lancé en 2013 Innovplus avec le Fonds européen d’investissement (FEI). Mille entreprises ont été financées par ce prêt à l’innovation qui complète parfois une levée de fonds.

Financement participatif

Si les entreprises innovantes se financent auprès de fonds, toutes ne trouvent pas réponses à leur demande. Anne-Marie Cano, P-DG d’iDalgo, entreprise de communication digitale créée il y a 11 ans, n’a pas trouvé le million d’euros qu’elle cherche depuis 3 ans pour son développement, parce qu'elle n’est plus une start-up.

L’une des réponses est le financement participatif, en croissance malgré des volumes encore faibles. « Unilend sélectionne des entreprises profitables qui ont besoin de se développer et de financer des besoins immatériels, des TPE entre 800 000 et 1 million de chiffre d’affaires », résume Nicolas Lesur, fondateur de la plate-forme, désormais autorisée à opérer en minibons, ces bons de caisse rénovés créés par ordonnance en application de la loi Macron. « Le vrai sujet, c’est l’immatériel pour les TPE, des entreprises pour lesquelles les banques ne sont pas éligibles au refinancement de la banque centrale », analyse Nicolas Lesur. Unilend a financé plus de 280 projets pour un total de 21 millions d’euros depuis fin 2013. En 2015, le crowdfunding pour les PME pesait un peu plus de 100 millions d’euros, à mettre en regard des 897 milliards d’euros de crédit bancaire (dont 382,6 milliards de crédits aux PME) au 31 août 2016.

Combinaison des financements

« Les Pouvoirs Publics et les acteurs de la Place font aujourd’hui la promotion de sources complémentaires de financement. Pourquoi ? Les établissements de crédit sont soumis à de nouvelles règles prudentielles qui ont des effets sur le crédit bancaire », rappelle Fabrice Pesin, médiateur du crédit, qui a signé en décembre 2015 un partenariat avec l’association des plates-formes de crowdfunding.

« Depuis août 2013, les assurances investissent dans des fonds de prêt à l’économie. La charte euro PP a été signée, l’ordonnance de 2014 soutient le crowdfunding. Plus récemment, la loi Macron a créé les prêts inter-entreprises, une nouvelle dérogation au monopole bancaire, et il y a aussi la volonté de développer le financement sur stock, résume le médiateur. Il faut que le chef d’entreprise s’approprie les outils. Les banques vont rester des partenaires prédominants pour les TPE, PME et ETI, et vont être les acteurs de la combinaison des financements. »

Les banques ne s’y trompent pas et orientent parfois leurs clients vers le crowdfunding, voire lancent des plates-formes. Banque Populaire Atlantique a ainsi créé Proximea, plate-forme d’investissement qu’elle opère en direct.

« On parle de désintermédiation mais aujourd’hui, il y a une réintermédiation par d’autres intermédiaires, comme Unilend. Pour les grandes entreprises, la désintermédiation est effective et peut aller jusqu’à 50 % de financement non bancaire. Pour les petites entreprises, c’est plutôt 95,5 % versus 0,5 % », tempère toutefois Fabrice Pesin.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº801