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Covid-19 : des plans de continuité puis de reprise de l’activité inédits

Créé le

15.04.2020

Les banques françaises ont du s’adapter à la situation sans précédent du confinement en augmentant leurs capacités informatiques pour permettre le recours massif au télétravail.

Alors que les banques ont mis en place des plans de continuité de l’activité (PCA) inédits face à la crise de Covid-19, la perspective annoncée le 13 avril d’un début de déconfinement le 11 mai rend nécessaire de penser à l’après. « Les banques vont devoir dès maintenant préparer leur plan de reprise de l’activité tout en attendant les modalités qui seront précisées par le gouvernement en matière de mobilité et de réouverture des zones d’accès au public », indique Adrien Aubert, Associate Partner chez Square.

Les banques font partie des opérateurs d’importance vitale (OIV) qui ont l’obligation légale de prévoir des PCA, précisés par l’arreté du 3 novembre 2014 relatif au contrôle interne des entreprises du secteur de la banque, des services de paiement et des services d’investissement soumises au contrôle de l’ACPR, texte qui remplace le Règlement CRBF 97-02. Ces documents prévoient les marches à suivre selon différents scénarios de crise. « Le risque de pandémie est présent dans les PCA, mais dans une moindre mesure par rapport au risque d’inondation et, depuis 2001, au risque d’attentat. Le sentiment partagé ces dernières années était que le risque de crue de la Seine était celui auquel les banques étaient le plus exposées, pour leurs sièges mais aussi les data centers, car le risque d’inondation a été identifié comme majeur par l’ACPR, précise Adrien Aubert. La façon de se préparer a été de mettre en place des sites de repli, des bureaux vides avec des postes de travail et des équipements informatiques, dans des locaux partagés avec d’autres entreprises, en périphérie de grandes villes. »

Cette année, les banques ont rapidement été alertées par les premiers signaux mondiaux de la nouvelle maladie. « La communication de crise, qui fait partie du plan de continuité d’activité, a démarré en février, trois ou quatre semaines avant le confinement, avec la diffusion de messages de prévention sur les déplacements internationaux ainsi que la mise en quatorzaine de collaborateurs de retour de Chine ou de Lombardie », explique le consultant.

Puis le confinement a précipité la réorganisation massive. « Le scénario de pandémie a été activé. La réponse, c’est le confinement, et donc le télétravail. Très rapidement, les banques ont pris des décisions d’investissements pour renforcer leurs dispositifs informatiques, réseaux, serveurs… Les décisions d’achat restent des procédures lourdes, donc il y a forcément un délai. Les deux ou trois premières semaines après le début du confinement, tous les collaborateurs n’ont pas pu être connectés en même temps et les banques se sont organisées avec un système de jetons de connexion et différents niveaux et horaires d’accès. Les collaborateurs qui n’avaient pas accès à une connexion ont été rémunérés en attendant, précise Adrien Aubert. Les serveurs avaient plutôt été dimensionnés pour permettre l’équivalent d’un jour de télétravail par semaine pour les effectifs non rattachés au réseau de vente, et pouvaient donc au départ concerner environ 20 % des effectifs, davantage dans certaines banques dont le siège ou les fonctions centrales ne se trouvaient plus dans Paris intra-muros. »

Cette réorganisation massive va être suivie par le casse-tête des plans de reprise de l’activité, mais aussi au retour d’expérience sur les PCA. « S’il y a des zones d’amélioration, on propose un plan de remédiation pour revoir le PCA. Avec la généralisation de la possibilité du télétravail, les banques vont sans doute réduire la voilure des zones de repli dont le coût est colossal, avec une activité proche du néant », imagine le consultant. Sans connaître toutefois d’avance le scénario d’une éventuelle prochaine crise majeure. L. B.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº844