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3 questions à... Laure Delahousse, directrice générale adjointe,
et Dominique Dorchies, présidente de la Commission Épargne
salariale et Épargne retraite, AFG

« Le plan d’épargne interentreprises permet aux TPE-PME d’avoir du clés en main »

Créé le

22.05.2023

-

Mis à jour le

25.05.2023

Votre enquête de mars dernier révèle une progression de 40 % en 10 ans des entreprises qui proposent de l’épargne salariale ou retraite à leurs salariés. Certains types d’entreprises sont-ils plus moteurs que d’autres ?

Laure Delahousse : Le nombre d’entreprises équipées d’un dispositif d’épargne salariale ou d’épargne retraite a en effet fortement progressé, de 269 600 en 2012 à 378 200 en 2022. C’est une progression régulière, marquée par une forte accélération depuis 2019. Sous l’impulsion de la loi PACTE et de la création du plan d’épargne retraite (PER), la croissance annualisée moyenne a presque doublé, passant de 3,6 % (entre 2010 et 2018) à 6,4 % (entre 2019 et 2022). Selon les derniers chiffres publiés par la Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques (Dares) en 2022, le taux d’équipement des entreprises, toutes tailles confondues, proposant au moins un dispositif d’épargne salariale est de 53 %.

La progression de l’équipement provient principalement des petites entreprises (moins de 50 salariés), qui bénéficient depuis 2019, avec la loi PACTE, d’une exonération du forfait social sur tous les dispositifs d’épargne salariale. Elles sont aujourd’hui 357 100 à proposer un dispositif à leurs salariés, contre 248 400 en 2012. À ce jour, le taux d’équipement des petites entreprises est de 20 % (Dares, 2022). Il reste donc un espace de progression fort pour développer l’épargne salariale sur ce segment. Le vecteur privilégié de ce développement est le plan d’épargne interentreprises, qui permet aux très petites, petites et moyennes entreprises (TPE-PME) d’avoir du clés en main où elles n’ont qu’à choisir les options adaptées à leur situation (conditions d’ancienneté, sources d’alimentation, règles d’abondement). La mise en place est facilitée, depuis la loi ASAP de 2020, avec la possibilité de recourir à une décision unilatérale du chef d’entreprise lorsque celle-ci est dépourvue de représentants du personnel.

Cette dynamique positive devrait perdurer grâce aux nouvelles mesures d’assouplissement prévues par l’Accord national interprofessionnel du 20 février 2023 sur le partage de la valeur, qui apporte aussi de nombreuses pistes pour accélérer leur équipement.

La France sera-t-elle un jour prête pour des fonds de pension ?

Dominique Dorchies (D. D.) : La question ne se pose pas en ces termes, mais il s’agit plutôt de savoir quelle place accordent les Français à l’épargne de long terme. En ce sens, la forte appropriation du PER introduit par la loi PACTE montre une réelle appétence des Français pour ce type d’épargne.

L’objectif largement partagé est de permettre aux Français qui le souhaitent de se constituer une épargne à long terme, en vue de la retraite. Ils peuvent ainsi, en supplément de leur retraite obligatoire, se constituer une épargne volontaire, avec l’aide éventuelle de leur entreprise, qui peut venir compléter ces versements avec un abondement. Le PER collectif (Percol) répond bien à cet objectif d’épargne facultative supplémentaire.

Comment convaincre les épargnants, notamment les plus jeunes, de l’intérêt des actions dans le cadre de produits de retraite proposés en entreprise ?

D. D. : Les Français ont peu l’habitude d’épargner en actions. Ils préfèrent généralement les placements garantis et liquides à tout moment. Or, sur une longue période, les investissements en actions sont plus rentables. La durée de placement permet de lisser la volatilité liée aux marchés financiers et de lier les rendements à la croissance économique générée par les entreprises dans lesquelles les sommes sont investies. C’est pourquoi la loi PACTE a prévu une gestion financière pilotée en fonction de l’âge du souscripteur : la part d’actions est importante à 20 ans de l’échéance de la retraite puis diminue progressivement. C’est l’option par défaut du PER. Aujourd’hui, 60 % des porteurs de parts d’un Perco (ancienne génération) ou d’un Percol ont opté, sur une partie ou l’ensemble de leurs avoirs, pour la gestion pilotée, permettant ainsi une désensibilisation progressive du risque en fonction de l’âge et du profil de l’épargnant. En croissance de +0,9 % sur un an, les encours de la gestion pilotée (9,3 milliards d’euros) représentent plus du tiers des encours d’épargne-retraite.

Concernant les jeunes, la moitié de leurs encours d’épargne-retraite est en gestion pilotée, ce qui témoigne de leur appropriation de ces dispositifs dans une perspective de long terme.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº881bis