N’est-ce pas contradictoire de dénoncer les dérives de la mondialisation et d’enseigner la finance à HEC ?
Pas forcément ! Ce livre est même né d’un projet de recherche mené pour HEC sur la responsabilité des entreprises. Partout , aujourd’hui, on sent une critique forte du libre-échange mondialisé. Car derrière ses bénéfices, il y a d’importants coûts cachés sur l’environnement, la société... Le livre démontre que le libre-échange et la mondialisation ont toujours favorisé l’abondance de biens privés plutôt que le bien commun. D’où l’appel à inventer une nouvelle forme de souveraineté économique fondée sur un protectionnisme social et environnemental.
Pourquoi avoir choisi le transport maritime pour votre analyse ?
Il est la colonne vertébrale de la mondialisation. Avec l’ouverture des mers aux XVe et XVIe siècles est né un espace libre échappant à la souveraineté de tout État ainsi qu’un droit parallèle visant la conciliation des intérêts privés plutôt que collectifs. Cette déterritorialisation s’est propagée au reste de l’économie et a conduit à la mise en concurrence des pays. In fine, elle a permis aux multinationales et aux ultra-riches de se soustraire aux réglementations et de s’abstenir de toute contribution au bien commun. On a ainsi un double mouvement d’abondance de biens privés et de raréfaction des biens communs.

Vous invitez à repenser les rapports entre l’individu et la collectivité. Comment ?
La démondialisation n’est pas vouée à un protectionnisme bête et méchant mais plutôt à une reterritorialisation. Il faut réfléchir à une réglementation globale, à la fois sanitaire, environnementale, sociale... Le livre vise à poser le cadre général pour guider les réflexions et trouver les bonnes mesures.
