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« La mixité passe aussi
par la cooptation »

Créé le

18.01.2024

-

Mis à jour le

22.01.2024

Forte d’une longue expérience bancaire, en particulier dans la banque de détail, Adriana Saitta a récemment pris la direction des paiements de La Banque Postale. Pour Revue Banque, elle évoque les enjeux de ce métier et met en lumière l’intérêt de développer la mixité dans les postes de direction.

C’est avec un plaisir non dissimulé qu’Adriana Saitta a rejoint en 2023 La Banque Postale en tant que directrice des paiements. « Le sujet des paiements est extraordinairement intéressant. Et il est stratégique dans la banque de détail. La compétition internationale et la nécessité de construire des plateformes partagées nécessitent de raisonner à une échelle européenne et même mondiale, mais aussi au-delà du secteur bancaire. Exercer ce métier en France, au sein de La Banque Postale, a vraiment du sens pour moi. »

De nationalité italienne, Adriana Saitta évoque « le potentiel du système bancaire français et le soutien que le pays apporte au développement de ses entreprises » et salue « le modèle de distribution très étendu » de La Banque Postale. Une appréciation nourrie par un riche parcours réalisé en grande partie à l’international.

Ayant commencé sa carrière chez McKinsey en 1995 au service de grands acteurs bancaires européens, elle a notamment travaillé à la construction de la banque postale italienne. Recrutée en 2003 par Intesa Sanpaolo, elle a dirigé les activités commerciales et marketing des filiales étrangères, avant de prendre la responsabilité des paiements, du crédit à la consommation et de la gestion d’actifs. En 2009, elle crée Intesa Sanpaolo Card en Croatie et supervise les activités dans une dizaine de pays, principalement en Europe de l’Est, mais aussi en Afrique du Nord. « C’était un défi managérial d’autant plus passionnant que les pays d’Europe de l’Est étaient en avance dans le secteur des paiements. En ex-Yougoslavie notamment, la guerre a suscité un saut générationnel et les gens sont passés directement des espèces aux cartes. » En 2015, Adriana Saitta rejoint la France et dirige durant sept ans Intesa Sanpaolo Paris. Parallèlement, elle siège au Conseil d’administration (CA) de Covivio Hotels, de la start-up Avnear et, depuis peu, de la société de biométrie Idex.

Le bon réseau

Forte de ses nouvelles fonctions à La Banque Postale, elle a aussi rejoint le réseau France Payments Forum et le groupe de travail European Women Payments Forum. « Sur les questions de parité, les banques françaises sont un peu plus avancées que leurs consœurs européennes, mais elles peuvent encore faire mieux », observe-t-elle. Selon une récente étude de OnePoint, les principaux groupes financiers français comptent 40,3 % de femmes dans leurs CA et 20,8 % dans leurs Comex, contre 30 % et 18 % pour les grands groupes cotés du secteur en Europe. En revanche, ils affichent de fortes inégalités selon les strates managériales. Ainsi, aucune femme n’a encore dirigé une grande banque en France. « Si elle est mieux placée que les pays d’Europe du Sud, la France l’est moins bien que ceux d’Europe de l’Est, observe Adriana Saitta. En Croatie par exemple, la moitié des membres de board sont des femmes. C’est lié à l’histoire du pays et à la guerre. Développer la mixité au sein des instances dirigeantes françaises est d’autant plus important que c’est un facteur d’amélioration des décisions, car les femmes qui entrent dans les CA ont été formées et préparées. »

Pour accélérer le mouvement, Adriana Saitta évoque le rôle de la réglementation. « C’est essentiel pour mettre en place un cercle vertueux. Quand j’étais plus jeune, je pensais que l’on pouvait se passer des règlements, que le mérite pouvait suffire. L’expérience m’a appris qu’il faut instaurer des leviers. Mais la mixité passe aussi par la cooptation. C’est même un facteur d’intégration important. Les femmes aux postes de top management ont donc un rôle à jouer dans le développement de la diversité. »

Désireuse d’apporter sa pierre à l’édifice, la dynamique manager est toutefois consciente que, dans le secteur des paiements, le mouvement ne peut être que progressif, car « c’est un métier de spécialistes nécessitant des profils bien spécifiques ».

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº889
Le parcours d’Adriana Saitta : dates clés
1970 : Naissance en Italie
1995 : Entrée chez McKinsey
2003 : Arrivée chez Intesa Sanpaolo en Italie
2009 : Création d’Intesa Sanpaolo Card en Croatie
2015 : Directrice générale d’Intesa Sanpaolo en France
2023 : Arrivée à La Banque Postale comme directrice des paiements
RB