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Finances publiques

La marge de manœuvre budgétaire de la France inquiète toujours plus

Créé le

19.12.2022

-

Mis à jour le

09.01.2023

Et de deux. Le 2 décembre, S&P Global a décidé d’abaisser la perspective de la note AA de l’Hexagone de « stable » à « négative ». L’agence américaine forme désormais, avec sa consœur Fitch Ratings, le camp des sceptiques sur la capacité du pays à maitriser ses finances publiques. Cette dernière avait maintenu le 4 novembre la perspective « négative » du AA du souverain, alors que la perspective est « stable » chez Moody’s, Scope Rating et DBRS. Craignant que le ralentissement économique de l’Hexagone et les mesures de soutien énergétique pèsent sur les finances publiques, l’agence a réduit de manière drastique sa prévision de croissance du PIB en 2023 de 1,7 %, estimé en juillet, à 0,2 % et table désormais sur un déficit budgétaire à 5,4 %, contre 4 % auparavant. Des estimations plus pessimistes que celles du gouvernement.

En parallèle, les services du Fonds monétaire international (FMI), qui ont rencontré les délégations françaises en novembre dans le cadre des consultations statutaires du fonds, voient également le PIB français croître en dessous de 1 %, à 0,75 % en 2023. Selon eux, la perte nette liée aux séquelles de la pandémie et du choc énergétique représente environ 2 points de pourcentage de PIB par rapport à la tendance d’avant la pandémie.

Pour S&P Global, certains risques supplémentaires comme « une récession économique prolongée, une interruption de la consolidation budgétaire ou des retards supplémentaires dans le programme de réforme du gouvernement » peuvent réduire la marge de manœuvre budgétaire de la France dont la dette publique est déjà élevée. L’agence pourrait baisser la note française « si la dette publique rapportée au PIB ne décline pas sur la période 2023-2025 ». Par exemple, l’absence de réformes structurelles visant à soutenir les gains de productivité et à alléger la charge des dépenses publiques pourrait ainsi influer sur la situation budgétaire.

Le FMI estime que le rééquilibrage budgétaire devrait passer par la réduction de la croissance des dépenses courantes en s’appuyant sur des réformes structurelles telles que l’achèvement de la réforme de l’assurance chômage ou encore une réforme globale des retraites permettant d’« accroître le taux d’activité des travailleurs les plus âgés ».

Dossier brûlant du gouvernement, la réforme des retraites a été d’ailleurs remise au goût du jour avec comme principale piste, proposée par la Première ministre, Élisabeth Borne, un report progressif de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 65 ans d’ici à 2031, les personnes nées au deuxième semestre de l’année 1961 étant les premières concernées. Alors que la réforme sera présentée en Conseil des ministres en ce début 2023, puis examinée au Parlement au printemps pour une entrée en vigueur avant la fin de l’été, son objectif est de ramener le système à l’équilibre dans les dix ans, avec un décalage de l’âge de quatre mois par an. Mais les jeux sont loin d’être faits au niveau politique et social. D’après S&P Global, « la fragmentation politique ajoute aux incertitudes quant à la capacité du gouvernement à mettre en œuvre son programme de réformes ».

S&P Global plus pessimiste que le gouvernement pour 2023

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À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº875-876