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Brexit

La vision de trois députés européens

Créé le

21.11.2016

-

Mis à jour le

28.11.2016

Lors de la manifestation annuelle « Les entretiens de l’AMF », qui s’est tenue le 14 novembre 2016, Pervenche Berès (Socialistes & Démocrates), Sylvie Goulard (ADLE) et Alain Lamassoure (PPE) ont été invités à débattre de l’impact du Brexit sur l’Europe des services financiers.

Le Brexit a immédiatement été mis en résonance avec l’élection de Donald Trump par Pervenche Berès : « Les pays où ça craque sont des pays anglo-saxons qui ont beaucoup financiarisé leur économie et vendu à leur population, de façon naïve ou vicieuse, l’idée d’une mondialisation heureuse. »

Pour comprendre la montée du rejet de l’Europe et freiner cette tendance, la députée socialiste fait appel à ses souvenirs : « En France, il y a eu un divorce quand on a donné l’impression à ceux qui ont voté “non” en 2005 à la constitution européenne qu’on ne les écoutait pas [1] . Si aujourd’hui l’Europe se comporte sur le mode “circulez, il n’y a rien à voir”, elle se prépare des jours difficiles. »

Pour la députée, l’Europe ne doit pas rester paralysée en attendant le Brexit. Elle doit dès maintenant prendre à bras-le-corps ses trois problèmes prioritaires : l’avenir de la zone euro ; la fiscalité ; les outils de défense commerciale pour l’Europe qui, sans devenir protectionniste, ne doit pas non plus être naïve. Ces questions doivent être au cœur des campagnes pour les prochaines élections françaises et allemandes, selon la socialiste.

Pour être efficace dans sa négociation avec le Royaume-Uni, l’Union européenne ne doit surtout pas attendre la proposition britannique, selon Alain Lamassoure : « Si nous négocions sur un texte britannique, nous avons déjà perdu. La négociation doit se faire soit sur la base d’un texte rédigé conjointement par l’Union européenne et la Grande-Bretagne soit sur la base de deux textes : l’un britannique et l’autre européen. Par ailleurs, l’Europe doit bien signifier que “out is out”. En d’autres termes, les anglais ne prendront plus du tout part aux décisions de l’Union européenne, même s’ils restent dans l’Union douanière et/ou dans l’Espace économique européen. » Dans l’hypothèse où la Grande-Bretagne se maintiendrait dans l’EEE, alors « il y a un prix à payer pour accéder à un marché de 450 millions de consommateurs, souligne le député. Et c’est un prix budgétaire qui risque de coûter plus cher au Royaume-Uni que sa contribution actuelle au budget européen (en tenant compte de la ristourne dont elle bénéficie, le british rebate). Enfin, il ne peut plus y avoir d’institution européenne dans un pays qui ne fait plus partie de l’Union européenne. »

À ceux qui se demandent comment la Place de Paris peut attirer les acteurs financiers, Sylvie Goulard répond que « c’est une mauvaise manière de poser le problème. D’une part, l’attractivité ne peut pas concerner un seul secteur ; elle dépend du droit du travail, de la fiscalité et de la qualité de vie de chaque pays. D’autre part, il faut défendre la place de Paris dans une optique plus large, c’est-à-dire un projet stratégique, conçu avec les Allemands, pour l’ensemble de la zone euro. »

 

1 Allusion au Traité de Lisbonne qui est souvent perçu comme un moyen de poursuivre la construction européenne sans consulter les populations, ndlr.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº802
Notes :
1 Allusion au Traité de Lisbonne qui est souvent perçu comme un moyen de poursuivre la construction européenne sans consulter les populations, ndlr.