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Économie

Vers une bulle boursière ?

Créé le

16.06.2015

-

Mis à jour le

30.06.2015

Qu’est-ce qu’une bulle ? Un état du marché dans lequel la déviation durable, forte et exponentielle du prix d’un actif par rapport à ses fondamentaux ne peut s’expliquer et se prolonger uniquement parce que les investisseurs pensent que le prix sera toujours plus élevé dans le futur. Cette définition de J. Stiglitz nous a toujours paru pertinente.

Pour nous qui considérons que les bulles d’actifs, loin d’être des anomalies, constituent un élément régulateur essentiel du capitalisme dans lequel nous vivons depuis une trentaine d’années, se poser la question de l’existence ou de la perspective d’une bulle boursière est tout à fait naturelle, après un marché actions haussier depuis désormais 75 mois (avec une hausse cumulée du S&P 500 d’environ 210 %).

Aujourd’hui, les données de valorisation absolue du marché actions américain (qui demeure le marché directeur mondial) sont «légèrement » à « assez nettement » au-dessus des moyennes historiques. Il n’y a donc vraisemblablement pas de bulle actions, tout au plus un certain degré de survalorisation qui peut perdurer, notamment grâce au bas niveau de taux d’intérêt.

La situation actuelle est plutôt caractéristique d’une seconde partie de cycle. Les moyennes sont faites pour être dépassées et c’est le plus souvent ici que les valorisations sont les plus élevées. Durant les secondes parties de cycle, les performances sont inexorablement plus faibles, du fait de l’absence d’accélération macro, de baisse des marges, de resserrement monétaire et de faible potentiel d’augmentation des multiples. N’oublions pas que l’expansion des multiples a été substantielle depuis la forte correction de 2011 (+ 60 %).

Une bulle boursière, c’est-à-dire une hausse forte, durable et extravagante des valorisations suppose la réunion de trois éléments clés :

  • un long cycle de croissance forte ;
  • une thématique positive fondatrice (innovations majeures comme les chemins de fer, l’électricité, l’automobile, la radio, Internet…) de nature à ancrer des convictions optimistes ;
  • le maintien de conditions financières favorables, à l’origine d’une dynamique de flux en faveur des actions.
Rien de tel aujourd’hui (à l’exception, dans une certaine mesure, de la 3 condition) ni sur le marché directeur, ni sur les autres grands marchés développés, ainsi que sur la moyenne du monde émergent. Cela n’empêche pas qu’à des échelons locaux, des bulles émergent, notamment en Chine, plus pour des raisons techniques que fondamentales (incitation des autorités, mise en place du connect entre Hong Kong et Shangaï…).

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº786