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Focus

Le véhicule de Place ESNI reconnu par la BCE

Créé le

23.09.2015

-

Mis à jour le

30.09.2015

Pourquoi la Place de Paris, sous l’impulsion de la Banque de France, a-t-elle créé un véhicule commun dédié aux titrisations de créances aux PME : ESNI [1] ?

L. M. : Le schéma TRICP [2] historiquement utilisé pour apporter les créances aux PME en refinancement auprès de la Banque de France était bilatéral : l’établissement de crédit d’un côté et la banque centrale de l’autre. L’idée d’ESNI était de créer un support de dette qui puisse être monétisé à la fois auprès de la banque centrale et d’investisseurs tiers. ESNI comprend plusieurs compartiments, un pour chaque banque, et émet des obligations collatéralisées par des créances aux PME notamment. La BCE vient de reconnaître l’éligibilité de ces titres pour ses opérations de refinancement [3] . Mais ils pourront également faire l’objet de « repo » ou être acquis par d’autres institutions financières, rassurées par le parrainage de la Banque de France. ESNI permet donc de maintenir l’accès à la liquidité banque centrale tout en encourageant la liquidité du marché interbancaire.

J. J. : On peut même se demander si ce papier ne pourrait pas intéresser d’autres investisseurs comme les trésoriers d’entreprise qui souhaiteraient placer leurs fonds sur des titres, collatéralisés, hors champ de la faillite bancaire et bénéficiant du parrainage de la Banque de France. Nous n’avons pas encore le recul nécessaire pour le savoir mais cela peut contribuer à diversifier l’offre de produits d’investissement.

Quelles sont les conditions pour qu’ESNI fonctionne ?

L. M. : Un des challenges sera d’arriver à émettre des titres qui vont effectivement faire l’objet d’un refinancement sur le marché interbancaire plutôt qu’auprès de la banque centrale. ESNI émet des titres non notés, réputés non liquides, et il faudra que les banques de la Place en assurent le market making. Il faudra aussi que le coût du refinancement offert par la banque centrale ne soit pas à ce point attractif que le refinancement interbancaire devienne économiquement non viable. C’est un phénomène que l’on rencontre aujourd’hui sur le marché des ABS au sens large et qui explique qu’une très grande partie des titrisations actuelles soient en fait retenues par les banques pour être apportées comme collatéral à la banque centrale et non cédées au marché, pourtant demandeur de ce type de papier.

ESNI a déjà réalisé des émissions…

L. M. : Sans la reconnaissance de la BCE, les titres émis et conservés par les banques n’étaient pas éligibles au coussin d’actifs liquides des ratios LCR et NSFR [4] . Et pour beaucoup d’établissements, le challenge n’était pas tant de lever de la liquidité que de constituer des buffers réglementaires avec du collatéral éligible.

 

1 Euro secured notes issuer.
2 Traitement informatisé des créances privées
3 Dans un premier temps, la BCE prévoit que ces titres ne pourront être utilisés que sur une base nationale, ndlr.
4 Liquidity coverage ratio et Net stable funding ratio.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº788
Notes :
1 Euro secured notes issuer.
2 Traitement informatisé des créances privées
3 Dans un premier temps, la BCE prévoit que ces titres ne pourront être utilisés que sur une base nationale, ndlr.
4 Liquidity coverage ratio et Net stable funding ratio.