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L'actualité des M&A bancaires

Unicredit fait les yeux doux à Société Générale

Créé le

26.06.2018

-

Mis à jour le

28.06.2018

Cette fusion transfrontalière, déjà envisagée par le passé, donnerait naissance à un poids lourd de la banque européenne. Même si ce projet fait sens, il présente néanmoins de nombreuses incertitudes et bien des défis à surmonter.

Dans un marché des fusions-acquisistions bancaires avec peu d’opérations structurantes, la rumeur d’un rapprochement entre UniCredit et Société Générale a resurgi en juin dernier. Même si aucune discussion formelle n’a pour le moment été engagée, la banque italienne semble pousser en coulisse à une fusion avec son homologue française selon le quotidien britannique « Financial Times ».

Il faut dire que l’idée d’un mariage entre les deux groupes bancaires n’est pas nouvelle. En 2007, déjà, ce scénario avait été envisagé mais sans jamais se concrétiser. Devenu un véritable serpent de mer, ce rapprochement est donc aujourd’hui relancé par le français Jean-Pierre Mustier, ancien responsable de la banque d’investissement de la Société Générale, et surtout actuel directeur général d’UniCredit depuis 2016.

Certes, les dirigeants de la banque française ont rapidement démenti « toute discussion en ce sens », mais il en faudra bien plus pour faire taire les rumeurs car une telle opération n’est pas dénuée de sens stratégique pour les deux établissements bancaires européens.

Tout d’abord, ce mariage permettrait de créer un géant bancaire en Europe qui se hisserait directement sur la troisième marche du podium, tant en termes de capitalisation boursière (près de 63 milliards d’euros) que d’actifs (environ 2 100 milliards d’euros). À noter au passage que les deux banques ont une capitalisation boursière relativement proche, laissant la place à une fusion entre égaux.

En outre, il existe de fortes complémentarités entre les deux acteurs bancaires, à la fois géographique et métier. Grâce à la banque italienne, Société Générale mettrait un pied en Italie, un marché où elle est totalement absente à la différence de ses deux principales concurrentes françaises BNP Paribas et Crédit Agricole, et en Allemagne, le premier marché bancaire de la zone euro. De son côté, UniCredit se renforcerait en Europe de l’Est et en Russie, deux régions où la banque française est bien implantée. Par ailleurs, une telle opération permettrait à Société Générale de rééquilibrer ses revenus vers la banque de détail, tandis qu’UniCredit développerait quant à elle sa banque d’investissement.

À court terme, la voie vers un tel rapprochement est loin d’être dégagée. En effet, il reste toute une série d’obstacles à surmonter : d’une part, sur le plan politique, l’Italie connaît une situation compliquée et un contexte peu favorable, suite aux résultats des dernières élections législatives ; d’autre part, sur le plan réglementaire, une telle fusion se traduirait par des exigences prudentielles en fonds propres plus fortes qui réduiraient de fait la portée des synergies escomptées ; enfin, les deux banques se trouvent aujourd’hui fragilisées, pour l’une d’entre elle, par un redressement en cours, pour l’autre, par les litiges à solder et les départs récents au sein de son état-major.

Quoi qu’il en soit, même si, dans l’immédiat, la probabilité d’un mariage UniCredit-SG semble encore prématurée, à plus long-terme, l’idée pourrait faire son chemin.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº822