En quoi les caractéristiques de Bonduelle expliquent-elles ses choix de financement ?
La société Bonduelle produisant quasiment tout ce qu'elle commercialise, elle est propriétaire de ses usines. Par ailleurs, son activité étant saisonnière, le fruit des récoltes doit être stocké. Enfin, notre forte croissance se fait essentiellement sous forme d'acquisitions. Ces trois caractéristiques rendent notre activité très
La qualité de notre dette est d'autant plus cruciale que la société a adopté le statut de
En quoi votre dette est-elle de bonne qualité ?
Il est important de ne pas dépendre d'une seule source de financement. En effet, les établissements bancaires ne sont pas à toute épreuve et certains marchés de dette peuvent se fermer. Notre dette est donc très diversifiée. Le crédit bancaire occupe une place
Nous avons également été parmi les premiers à émettre, en 2007, une
Aujourd'hui, le coût moyen de notre dette s'élève à 4,5 % et sa maturité à 4 ans et demi avec un ratio de
Aujourd'hui, le marché a changé, les taux ont légèrement augmenté. Si cette tendance se confirme, qu'adviendra-t-il du financement obligataire des ETI et PME ?
Nous avons vécu une période où les taux étaient artificiellement bas. Une augmentation des taux ne serait pas un obstacle au développement du marché obligataire. En effet, elle serait le reflet d'une reprise de l'activité économique, un environnement favorable à la santé des entreprises. Celles-ci auraient donc les ressources nécessaires pour offrir des coupons plus généreux qu'aujourd'hui. La vraie menace pour les entreprises n'est pas le coût du crédit mais sa disponibilité. J'observe que les banques sont devenues plus restrictives dans leurs octrois de crédit en raison de la nouvelle réglementation Bâle III. Or le financement des entreprises moyennes en France repose à hauteur de 80 % environ sur ces établissements. Les financements alternatifs sont donc vitaux. Certes, les assureurs sont aujourd'hui intéressés par la dette corporate des entreprises, mais cet appétit, né dans un contexte de taux souverains très bas, doit se confirmer dans le temps. La réglementation des assureurs doit aussi aller dans le bon sens : selon la forme finale que prendra Solvabilité 2, ce texte pourra soit favoriser le financement de l'économie, soit le brider.
D'ores et déjà, certaines innovations récentes sont très encourageantes : la réforme du Code des assurances, le lancement des fonds Novo, le développement des EuroPP, le PEA-PME qui pourra comprendre des actions mais aussi des obligations d'entreprises, le fonds
Avez-vous eu recours aux financements accessibles via les fonds Micado ?
Non, car ces véhicules procurent des financements de 10 millions d'euros environ. Nous empruntons des sommes plus élevées, mais pas suffisamment pour aller sur le marché obligataire traditionnel qu'utilisent les grandes entreprises où les montants s'élèvent au moins à 200 ou 300 millions.
Que pensez-vous des
Cette initiative montre bien que tout le monde cherche des solutions pour financer les entreprises. Avec les IBO, il s'agit notamment de toucher les particuliers qui ont déserté les marchés financiers et préfèrent le Livret A. Le contexte fiscal doit aussi évoluer pour orienter l'épargne vers les entreprises.
La remontée des taux pourrait également favoriser ce marché car les particuliers raisonnent en termes absolus : en dessous de 5 %, ils préfèrent ne prendre aucun risque. Si à l'avenir nous émettons à 4,5 %, par exemple, nous pourrions séduire les particuliers qui connaissent bien la marque Bonduelle.
Que vous inspire l'attitude des banques à l'heure de la désintermédiation ?
Avant Bâle III, lorsque nous recourions au marché de l'USPP, nos banques partenaires avaient l'impression que nous allions vers la concurrence. Aujourd'hui, elles nous épaulent. Nous avons beaucoup apprécié leur soutien, en particulier celui de Crédit Agricole CIB. Ces banques ont fait émerger un nouveau marché de financement, car elles sentaient que les assureurs étaient intéressés par la dette des entreprises ; elles ont su mettre en relation émetteurs et investisseurs. Désormais, ce nouveau marché est identifié, et donc d'autres acteurs – des banques d'affaires – cherchent à concurrencer les BFI qui ont joué le rôle de pionnières.
Que pensez-vous des entreprises familiales qui hésitent à diffuser de l'information financière ?
Bonduelle est coté, donc habitué à la transparence, mais il est vrai que la concurrence peut se servir de ces informations. Toutefois, la transparence donne accès à davantage de sources de financement et rassure les investisseurs. À l'inverse, une entreprise qui tient à la confidentialité devra sans doute payer un coupon plus important et ne pourra que plus difficilement diversifier ses sources de financement.