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Rentabilité

BFI européennes : un retard qui n’est pas insurmontable

Créé le

24.01.2021

Face à leurs homologues américaines, les banques européennes pourraient gagner des parts de marché, grâce à des réorganisations en interne ou en proposant de nouveaux produits et services, selon une étude de Sia Partners.

Bien que leur produit net bancaire (PNB) ait progressé en 2019 et 2020, les banques européennes ne cessent de perdre en rentabilité face à leurs homologues américaines. Selon une étude du cabinet de conseil Sia Partners [1] , réalisée à partir d’un panel de neuf banques de financement et d’investissement (BFI), les institutions européennes dégagent un retour sur capitaux propres (RoE) moyen de 8,1 % seulement, contre 18,6 % pour les américaines. Selon la même source, les employés des BFI américaines génèrent près de 750 000 euros de revenu par an, contre 500 000 de ce côté-ci de l’Atlantique. « Les banques européennes courent le risque de devenir des acteurs de second plan, y compris sur les marchés qu’elles maîtrisaient auparavant », prévient François Berteloot, Senior Manager chez SIA Partners.

Contraintes réglementaires et marché domestique

Les contre-performances européennes s’expliquent avant tout par les effets de la réglementation locale. « Les banques américaines, sous l’ère Trump, se sont vu imposer moins de contraintes réglementaires, notamment sur leurs RWA (Risk-Weighted Assets, actifs à risques pondérés) », rappelle François Berteloot. Les européennes sont au contraire soumises aux réglementations bâloises, très contraignantes pour les fonds propres.

Autre source d’inégalité, les banques américaines ont pour marché domestique la première économie mondiale. Elles sont capables de créer de nombreux relais à l’étranger, y compris au Royaume-Uni ou au sein de l’Union Européenne, grâce à leurs filiales. Elles sont de surcroît garant de la majeure partie des financements en USD. Enfin, l’Union bancaire européenne tarde à se mettre en place, alors qu’elle pourrait instaurer en Europe une salutaire uniformisation des marchés, des obligations réglementaires et des manières d’opérer, « condition sine qua non pour que ces banques puissent concurrencer les modèles américains » estime François Berteloot.

Des parts de marché à gagner

Mais rien n’est perdu pour les BFI européennes, assure l’expert. Celles-ci peuvent encore gagner des parts de marché, grâce à des réorganisations en interne ou en proposant de nouveaux produits et services. Le recours aux plateformes d’open banking constitue une première piste. « Il permettrait aux établissements de se concentrer sur leurs produits à forte valeur ajoutée, d’améliorer l’accompagnement et le parcours clients des grands groupes, tout en déléguant au partenaire l’organisation potentiellement coûteuse en salaires, infrastructures informatiques, ou immobilier », énumère François Berteloot.

La titrisation des crédits aux TPE et PME constitue un autre axe de développement considérable pour les banques européennes. Au 2e trimestre 2020, les prêts et leasings aux petites entreprises ne représentaient que 9 % du total des encours titrisés en Europe. Les banques locales se trouveraient les mieux placées sur ce marché pour évaluer le risque, grâce à leur connaissance du tissu économique européen.

Enfin, elles auraient tout à gagner à promouvoir la qualité de vie au travail. « Les BFI ont perdu l’attrait qu’elles pouvaient avoir jusqu’en 2008 aux yeux des jeunes diplômés, qui privilégient les employeurs de type FinTechs ou GAFA, observe François Berteloot. Proposer des packages attractifs ne suffit plus. Il faut travailler la marque employeur pour attirer et fidéliser les meilleurs profils. » G. D.

1 Sia Partners, « Leviers de croissance du secteur BFI », décembre 2020.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº853
Notes :
null « Leviers de croissance du secteur BFI », décembre 2020.
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