Square

Observatoire du financement des entreprises

Un rapport sur le financement de l’immatériel

Créé le

11.05.2017

-

Mis à jour le

24.05.2017

En quoi le financement de l’immatériel est-il un enjeu majeur de ces prochaines années ?

De plus en plus d’entreprises vont devoir faire leur transition numérique dans les années à venir. C’est le nouveau défi à relever. Or les PME françaises sont très en retard sur ce sujet. La transition numérique ne consiste pas seulement à faire ou refaire un site Internet, mais à utiliser le Big Data, créer un algorithme, utiliser l’intelligence artificielle… Il y aura de plus en plus de datas embarquées dans les biens produits. Certaines entreprises sont en train de se transformer. Il faut parfois embaucher ou former un salarié pour pouvoir créer un algorithme maison… Cela peut coûter cher. Il y a un vrai sujet de financement de l’immatériel et c’est l’enjeu de ces prochaines années. La transition numérique peut remettre en cause complètement le business model d’une PME. Tout le monde va devoir s’adapter, l’entreprise, mais aussi les banques. L’un des objectifs de notre rapport est de sensibiliser toutes les parties aux défis communs.

Il va y avoir une forte accélération de ce type de dépenses, qui devient un vrai enjeu de financement des PME. Elles ont l’impression que les montants vont être élevés ; or, de fait, ce sont des montants difficiles à estimer ex ante. L’estimation préalable de l’investissement à faire est compliquée, comme celle du retour sur investissement et de la rentabilité d’un projet numérique, ce qui réduit la visibilité offerte aux prêteurs.

Où en sont les banques en matière de financement de l’immatériel et vont-elles s’adapter à ces nouveaux besoins ?

Aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup de tensions, car ce type de dépenses est souvent autofinancé par les entreprises. Les PME les mieux capitalisées réussissent à obtenir des prêts bancaires. Les banques classiques qui financent l’immatériel s’appuient aussi sur les garanties de Bpifrance, qui propose également un prêt sans garantie pour les PME et TPE. Mais le bilan de Bpifrance n’est pas extensible à l’infini, or il va y avoir des besoins très importants.

Une des questions qui se pose, c’est de savoir si les banques accompagneront sans problème toutes les entreprises qui opéreront leur transition numérique. Je n’arrive pas à imaginer qu’elles ne le fassent pas. Le financement de la transition numérique est un investissement comme un autre et le financement de l’immatériel n’a pas à se faire uniquement en fonds propres.

Les banques vont devoir savoir expertiser ce type de projet, analyser ce type de risque. C’est un sujet urgent. Certaines entreprises ne souhaitent pas aller à l’export, mais continuent à exister pendant des années, même si elles manquent des opportunités de développement. La dynamique liée à la transition numérique est tout autre : cela va très vite et ne pas faire cette transformation condamnera des entreprises à disparaître en deux ou trois ans.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº809