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Succession de Jean-Claude Trichet

« Un peu d’air frais » avec Mario Draghi ?

Créé le

19.09.2011

-

Mis à jour le

27.09.2011

Mario Draghi aurait pu rêver meilleures conditions pour sa prise de fonction comme président de la Banque Centrale Européenne (BCE), le 1er novembre prochain. Il va hériter d’une institution en pleine crise, tiraillée par ses dissensions internes, harcelée par les marchés et les gouvernements. Mario Draghi a un gros « défaut » : celui d’être italien, c’est-à-dire ressortissant d’un des pays les plus malmenés par cette crise.

« Ce que Jean-Claude Trichet peut faire en agaçant les Allemands, c’est une chose. Ce que Mario Draghi pourra faire, étant lui-même italien, c’en est une autre », souligne Charles Wyplosz. Mais l’image du futur président de la BCE dans son pays est bien différente : il y passe pour un chantre de la rigueur, en particulier depuis qu’il a préparé l’économie italienne à l’entrée dans la zone euro alors qu’il était à la tête du Trésor. Mais c’est surtout sa réputation de très bon technicien, élève du prix Nobel Franco Modigliani au MIT, qui comptera parmi ses pairs.

Cela suffira-t-il à sortir de la zone euro des eaux troubles dans lesquelles elle pourrait encore se trouver en novembre ? « Il y a quelques mois, je pensais que Mario Draghi continuerait dans la même ligne que Jean-Claude Trichet. Mais les divergences sont telles au sein du Conseil que je ne suis plus sûr qu’il le pourra… », s’interroge Paul De Grauwe. Fatalisme partagé par Charles Wyplosz : « Mario Draghi a une solide compréhension des phénomènes économiques. Il est brillant mais très prudent, comme beaucoup des hauts fonctionnaires de Francfort d’ailleurs. Il ne faut pas attendre de formidables innovations de leur part, comme on peut en voir au sein de la Fed. » Mais, a minima, « un peu d’air frais est sans doute une bonne chose », conclut le professeur de l’IHEID de Genève.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº740
RB