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Change & Taux

Un marché obligataire plus clairvoyant ?

Créé le

16.01.2014

-

Mis à jour le

29.01.2014

Le dernier rapport sur l’emploi américain publié début janvier peut laisser perplexe : si les créations d’emploi ont été particulièrement faibles en décembre dernier (+74 000), le taux de chômage a, lui, continué de baisser, passant de 7 à 6,7 %. Pendant un instant d’ailleurs, les marchés obligataires ont semblé hésiter sur la direction à prendre. Leur embarras a été de courte durée : constatant que la baisse du taux de chômage s’expliquait largement par celle du taux de participation, les opérateurs ont vite compris que, loin de s’approcher, le moment où la Réserve fédérale remontera ses taux s’éloignait plutôt…

Cette sagesse des marchés obligataires pourrait surprendre. Le taux de chômage n’est-il pas désormais très près du seuil de 6,5 % introduit en décembre 2012 par la Réserve fédérale ? Elle cherchait alors à convaincre de sa détermination à maintenir son taux directeur bas plus longtemps que dans une conjoncture « normale ». La réponse des marchés à la publication du dernier chiffre de l’emploi n’est bien sûr pas le résultat de leur seule sagacité. Le communiqué de presse publié par la banque centrale en décembre dernier à l’issue de son comité de politique monétaire y a largement contribué.

Convaincue que la rapidité de la baisse du taux de chômage surestimait la réalité de l’amélioration du marché du travail, la Fed avait en effet jugé utile de préciser qu’elle maintiendrait son taux directeur inchangé « sans doute bien après que le taux de chômage aura baissé en dessous de 6,5 % ». Selon l’EPI (Employment Policies Institute), le taux de chômage ajusté des « travailleurs manquants » – i.e. des personnes qui, découragées, se sont retirées du marché du travail – serait aujourd’hui plus proche de 10 % que de 6,7 %. L’estimation est sans doute excessive. Elle n’en rappelle pas moins que, malgré la baisse relativement rapide du taux de chômage, l’économie américaine est toujours loin du plein-emploi…

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº769