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Témoignage : « être curieux, exigeant, enthousiaste, s’intéresser à son client et se former en permanence »

Créé le

18.10.2013

-

Mis à jour le

30.06.2014

Entré dans la banque en tant qu’agent d’accueil, Hervé Gourdon est aujourd’hui directeur du Crédit Agricole Anjou Maine et membre du comité de Direction. Son parcours  lui a aussi permis de travailler auprès de la clientèle d’entreprise, son objectif initial.

« J’ai la chance d’exercer le métier auquel j’aspirais » se réjouit Hervé Gourdon… Son orientation vers une formation centrée sur la banque s’est décidée après avoir obtenu un Deug d’économie. Au lieu de poursuivre un cursus universitaire classique, autrement dit une licence puis une maîtrise, il a ressenti « l'envie de mixer un enseignement dispensé par des professeurs d’université avec l’expérience des praticiens ; les formations de cette nature étaient peu nombreuses à l’époque ». Deux voies l’intéressent alors : l’une mène à l’expertise comptable… l’autre, qu’il décide de suivre, est le cycle de l’IUP Banque entreprise de Nantes : « la banque est en prise avec l’économie, et les métiers décrits étaient intéressants ». La formation annonce l’intervention de professionnels. Dans le contexte du début des années 1990, au sortir de l’encadrement du crédit supprimé en 1987, de nouveaux marchés s’ouvrent pour les banques… les témoignages des praticiens sont parlants.

Surtout, des stages sont proposés chaque année : il les considère aujourd’hui comme « l’une des parties la plus enrichissante » de la formation. Le premier se déroule dans un groupe bancaire national, chez BNP (pas encore mariée à Paribas) ; le second dans une caisse régionale du groupe des Banques Populaires. « Nous avions appris que ces organisations étaient assez différentes [banque nationale/régionale] et je voulais donc avoir une expérience de terrain. » Les deux stages se déroulent successivement sur un métier de conseiller particulier et sur celui de conseiller de professionnels. C’est dans cette deuxième voie qu’Hervé Gourdon souhaite se diriger, et c’est à elle d’ailleurs que prépare plus spécifiquement l’IUP Banque entreprise : « L’étude de l’analyse de bilan, l’analyse financière, le droit bancaire… ces matières nous préparaient à être rapidement opérationnels. »

Virage vers les entreprises

Son premier emploi à la caisse régionale du Crédit Agricole Anjou Mayenne ne correspond pourtant pas à ce choix : sur un marché du travail touché par la récession économique, où les débouchés sont restreints, il accepte en 1993 un poste d’agent commercial au guichet. Mais il y découvre les relations avec les clients, une dimension comportementale, relationnelle et de négociation, qui n’a pas été abordée durant sa formation initiale. Un manque, estime aujourd’hui Hervé Gourdon, car beaucoup des étudiants de sa promotion ont été embauchés dans des métiers commerciaux.

Au bout d’un an s’amorce le virage souhaité : il devient conseiller auprès d’une clientèle de professionnels, très diversifiée, dont il aborde les activités avec une grande curiosité : « les discussions portaient autant sur les financements et les relations bancaires que sur leur métier, leur environnementet leurs enjeux spécifiques ». Il se souvient notamment d’un de ses plus fidèles clients, dont il a suivi pas à pas l’ascension : la création de la société, ses premiers investissements, les premières embauches. « Nous avons réfléchi ensemble sur le financement de son bâtiment professionnel. L’entreprise manquait de fonds propres et mon client nous demandait beaucoup d’argent. Mais nous avons eu raison d’y croire car au bout de 4 ans, il faisait travailler 25 personnes et réalisait 4 millions de chiffre d’affaires ». Au point de vouloir suivre Hervé Gourdon lorsque celui-ci, après avoir passé le diplôme de l’ITB, décroche en 1997 un poste de chargé d’affaires entreprises.

Rite initiatique

Il atteint ainsi son premier objectif professionnel ; les 15 années suivantes passées auprès de cette clientèle seront pour lui un enrichissement personnel, à l’écoute des entrepreneurs, découvrant leurs métiers, visitant leurs usines… Pourtant, son souvenir le plus marquant n’est pas forcément celui auquel on pourrait s’attendre : son portefeuille est constitué d’entreprises de 3 à 15 millions de chiffres d’affaires et au bout d’un an de prise en charge, alors qu’Hervé Gourdon pense maîtriser la situation, il est confronté à son premier dépôt de bilan : « les engagements sur lesquels nous étions “collés” étaient ceux que j’avais mis en place. Pourtant, au moment où la décision de prêter avait été prise, tous les clignotants étaient au vert. » Un moment de vérité pour le banquier qui touche du doigt le risque inhérent à son métier : « il faut rester prudent même pendant les meilleures périodes, car on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Cela rend beaucoup plus humble, plus attentif, dans l’anticipation du risque. » Il se rappelle sa surprise face à la réaction de son supérieur hiérarchique à qui il doit, « pas trop fier », annoncer l’événement : « Bonne nouvelle Hervé ! C’est ton premier dépôt de bilan, une boîte sur laquelle tu as mis de l’argent ! Ça y est, tu es vraiment un chargé d’affaires ! ». Un rite initiatique !

Un nouveau challenge se profile : il est affecté à la création d’un poste de chargé de grands comptes, entreprises réalisant plus de 15 millions d’euros de chiffre d’affaires. Le portefeuille a été constitué par les quelques premières relations d’envergure de l’agence, et il s’agit de le compléter. « La prospection demande du temps : il faut vendre la banque, se vendre soi-même, donner envie. Les premières ouvertures de compte sont une source de grande satisfaction ! »

Ma petite entreprise

En 2003, Hervé Gourdon est nommé directeur d’une agence entreprise. Sans formation préalable, face à son équipe de 6 personnes, dont 3 chargés d’affaires, il apprend en marchant : « C’est affaire de relation humaine, d’organisation, de priorisation de la décision, en adaptant son accompagnement à chaque collaborateur, et surtout en faisant face avec lui aux difficultés. » Une agence étant un centre de profit, il s’attache à la développer « comme si c’était ma propre petite entreprise. J’étais devenu moi-même un entrepreneur. »

Cette expérience est en fait le début d’une nouvelle orientation de sa carrière, désormais tourné vers le management et l’encadrement. En effet, il suit parallèlement un parcours de formation interne spécifique au Crédit Agricole qui lui ouvre la possibilité de progresser vers des responsabilités plus élevées. Réalisé en deux ans, ce cursus le prépare à des fonctions de cadre de direction. L’objectif est de comprendre les interactions de la caisse avec le groupe, les synergies entre les filiales métiers, de prendre en compte la dimension totale du groupe. « Cette formation conduit à réfléchir à notre posture, notre comportement ». Elle s’avère très exigeante : « j’ai découvert des métiers que je ne connaissais pas, pour lesquels il fallait défendre ses propositions devant un comité de direction ».

Cycle validé en tout cas : début 2013, Hervé Gourdon endosse ses nouveaux habits de directeur du Crédit Agricole Anjou Maine, en charge d’un périmètre qui englobe les placements, les assurances de personnes et vie, les moyens de paiement, la monétique et la gestion de la base client. Son rôle n’est plus opérationnel, mais stratégique et organisationnel, auprès de 145 collaborateurs.

Investi depuis le 1er janvier 2013 seulement dans ces fonctions, il lui est difficile aujourd’hui de se projeter au-delà, sans pour autant renier la ligne de conduite qui l’a mené d’un poste d’agent d’accueil à des fonctions de dirigeant dans son groupe : « Être curieux, exigeant, enthousiaste, s’intéresser à son client et se former en permanence ! »

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº765bis