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Technologie et systèmes d'information : 2013 , une année de transition et de transformation

Créé le

13.12.2013

-

Mis à jour le

06.01.2014

En informatique comme dans la nature, les plus grands changements sont cachés… Les signes précurseurs d’un tremblement de terre ou d’une explosion volcanique passent bien souvent inaperçus, car trop faibles pour être perçus par les êtres humains ou la plupart des instruments de mesure. En 2013, les systèmes d’information bancaires n’ont pas subi de transformation voyante, mais tels la chenille dans son cocon, ils évoluent en profondeur pour mieux renaître en 2014.

Les changements nécessités sur le plan technique par des réglementations comme Bâle III ou SEPA sont en place ou en cours d’installation dans l’ensemble des banques françaises. Celles-ci attendent désormais que leurs clients entreprises et commerçants adoptent eux aussi les moyens de paiement SEPA, et que le reste suive. En coulisse également, l’arrêt du support technique de Windows XP oblige de nombreux appareils à migrer vers une version plus récente du système d’exploitation de Microsoft : Windows 7. C’est notamment le cas du parc des automates bancaires et du back-office associé.

Sur scène, alors que l’on promet un avènement du paiement sans contact depuis de nombreuses années, l’ensemble s’est mis en place progressivement tout au long de 2013. Au fur et à mesure des renouvellements, la plupart des banques fournissent aux commerçants désormais des terminaux de paiement compatibles avec le NFC (Near Field Communication) ; les cartes bancaires renouvelées ont désormais par défaut, à l’exception de certains réseaux, une interface duale. De plus, outre les banques partenaires historiques des projets sans contact à Nice et Strasbourg, certaines autres banques commencent à lancer leurs applications mobiles de paiement de proximité. Pour autant, alors que les smartphones NFC sont là, la sauce n’a pas encore pris. Pour que le réflexe d’un paiement sans contact entre peu à peu dans les mentalités, il faut désormais éduquer le public – clientèle et commerçants – hors des villes pilotes.

L’habitude viendra peut-être avec le développement d’applications de paiement sur téléphone mobile. Si certaines, comme Lydia lancé en août dernier, proviennent d’acteurs nouveaux, d’autres, comme Paylib, émanent des banques elles-mêmes. Après les semi-échecs de Kwixo et de S-Money en 2012, et alors que d’autres banques se préparent à adopter les mobile wallet des grands émetteurs de cartes, le marché est-il enfin mûr pour le passage au paiement mobile ? En 2013, les pions se sont tous mis en place, reste à savoir comment se jouera la partie en 2014.

Ils ont dit

Banque et logiciels libres

« Nous ne vendons pas un logiciel, mais des services. D’ailleurs, nous ne sommes pas moins chers. Le différentiateur ce n’est pas l’argent, c’est le temps et l’adaptabilité de la plate-forme. C’est le moyen de production qui a gagné dans le domaine de l’infrastructure, hormis VMWare. Les grosses tendances qui font avancer le marché sont produites sous forme de code open source. Tous les grands domaines qui intéressent les banques – Big Data, cloud computing – sont dominés par les logiciels open source. »

Éric Barroca, directeur général de Nuxeo, Revue Banque n° 757, février 2013, p. 42.

« Il n’y a aucun logiciel libre connu et valable qui adresse le domaine vertical bancaire. Génériquement, ce sont du core banking et du transactionnal banking : tenue de compte, crédit, opérations interbancaires, change, moyens de paiement, paiements, financement des opérations internationales, financement structuré. Ces composants sur le plan métier sont denses, cela demande une vraie expertise pour les traduire en solution logicielle et les faire agir entre eux est très compliqué. Il faut mettre autour de la table un ensemble de compétences qui aujourd’hui ne travaillent pas dans ce sens-là. Il y a des composants d’infrastructures open source, mais on trouve aussi des solutions de synthèses open source (reporting, services généraux). La banque y va plutôt par les couches basses et périphériques. »

Arthur Engamba, responsable core banking, Steria, Revue Banque n° 757, février 2013, p. 43.

Les besoins en stockage explosent

« Les besoins en matière de stockage évoluent d’une manière exponentielle, car le métier des banques est en train de changer. Outre leurs métiers historiques, certaines deviennent opérateurs de téléphonie mobile, d’autres banques se lancent dans le service à la personne, l’autorité de certification. À lui seul, par exemple, le NFC (Near Field Communication) génère une quantité de données non structurées : géolocalisation au cœur des centres commerciaux, analyse des habitudes d’achats, avec une grosse problématique qui est la sécurité d’accès des données ainsi générées. Le souci est que la plupart des grandes banques françaises ont des services informatiques liés à des intégrateurs, qui sont là pour vendre du disque et n’ont pas pensé à repenser le métier et mettre en place la bonne solution. On continue à monter des usines à gaz, parce qu’on n’a pas pris le temps de se poser. »

François-Rémy Monnier, directeur des ventes pour Europe du Sud et Afrique division Entreprise, NEC, Revue Banque n° 761, juin 2013, p. 48.

Le crowdfunding

« Le crowdfunding n’est pas prévu dans la réglementation.  Les gens peuvent faire des opérations de gré à gré, mais le droit n’envisage pas la possibilité de le faire à plusieurs via un intermédiaire. Pour le régulateur, il faut prendre une catégorie déjà existante. La conservation de l’argent investi nécessite d’être un établissement de monnaie électronique. »

Nicolas Guillaume, président-fondateur de Friendsclear, Revue Banque n° 760, mai 2013, p. 47.

Le paiement mobile continue son évolution

« Tout ce qu’on a appris en Afrique ou dans les marchés émergents peut être adopté en Europe. Aujourd’hui, la banque est organisée autour de la technologie carte. Je pense que nous sommes complémentaires à la technologie NFC. NFC est la prolongation de la carte dans le téléphone mobile. Nous arrivons avec un angle différent, en étant indépendants des téléphones, et notre plate-forme permet de faire tout ce que peut faire une banque : paiement P2P, transaction sur Internet sécurisée. »

Yves Eonnet, fondateur de Tagattitude, Revue Banque n° 758, mars 2013.

« Le paiement est derrière nous. Les spécifications sont prêtes, il n’y a plus qu’à déployer les services, et je dirais que le travail est plutôt maintenant chez les banquiers. Nous allons continuer à suivre l’évolution du parc de clients équipés de téléphones, et nous allons surtout enclencher les chantiers des transports ou de la carte de vie quotidienne qui sont les futurs usages. Nous sommes plus concentrés sur le pilotage du transport et de la carte de vie quotidienne que sur la banque où les autres vont suivre. La Banque postale a annoncé un projet et les autres vont probablement y venir. Mais elles n’ont plus besoin de nous aujourd’hui, les spécifications sont prêtes, elles n’ont plus qu’à faire un copier/coller de ce qui existe déjà. Éventuellement, on les accompagnera un peu, mais le modèle fonctionne pour les banques. »

Thibault de Breuille, directeur général de l’Association française du sans-contact mobile (AFSCM), Revue Banque n° 758, mars 2013, p. 49.

Faut-il avoir peur de bitcoin ?

« Le phénomène reste encore circonscrit aujourd’hui. Nous devons être à quelques millions d’euros par jour de transactions en bitcoins dans le monde alors que l’on atteint en France en moyenne 15 milliards d’euros par jour de transactions. Le risque autour de ces monnaies dites virtuelles est aujourd’hui connu des régulateurs, notamment en ce qui concerne les aspects sécurité, blanchiment d’argent et financement du terrorisme, mais il demeure limité, car les plates-formes d’échanges sont encadrées. »

Alexandre Stervinou, service de la surveillance des moyens de paiement scripturaux, Banque de France, Revue Banque n° 764, octobre 2013, p. 45.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº767