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Dégradation de la dette américaine

Taux sans risque : la quête du Graal ?

Créé le

19.08.2011

-

Mis à jour le

22.08.2011

C’est un symbole qu’a fait vaciller Standard & Poor’s, le 5 août dernier, en retirant son AAA à la dette souveraine américaine. Au-delà des conséquences immédiates sur les marchés, l’impact à moyen terme sera également majeur sur la stratégie d’allocation d’actifs des banques. « Les produits de taux sans risque, comme la dette américaine jusque-là, sont essentiels car ils permettent de maîtriser le niveau global de risque du portefeuille, tout en investissant dans des titres plus risqués pour améliorer le rendement, rappelle Michel Fleuriet, professeur à Dauphine. C’est une rupture tectonique : la croûte terrestre ne bouge que de quelques millimètres mais cela provoque des séismes et des tsunamis dévastateurs. » L’abaissement de la note d’un cran par S&P, non suivi dans sa démarche par Fitch, ne change que peu de choses à court terme sur la solvabilité de l’État américain, en témoigne la bonne tenue des bons du Trésor à 10 ans. « Une baisse des cours serait catastrophique pour les banques », met en garde Michel Fleuriet. La discussion sur le plafond de dette illustre toutefois à quoi ressemblerait un « défaut de financement » américain : « il ne s’agirait pas d’une cessation de paiement, mais plutôt d’une série de décisions de politique économique qui seraient très préjudiciables à la croissance et qui repousseraient d’autant le retour indispensable à un excédent budgétaire primaire. »

C’est aussi un défi pour la théorie financière qui « découvre » que l’instrument qu’elle utilisait pour matérialiser le taux sans risque recèle malgré tout du risque de contrepartie. Les CDS et les monolines avaient déjà échoué dans cette même mission de compensation du risque. Où ira-t-on désormais chercher le Graal du taux sans risque ? Les marchés se tournent actuellement vers la dette allemande. « Les obligations souveraines allemandes sont solides aujourd’hui, mais qu’en sera-t-il dans 10 ans, dans ce pays à la démographie vieillissante ? », interroge l’ex-banquier d’affaires. La quête ne fait que commencer…

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº739