Square

Gestion collective

Surmonter le mur des doutes

Créé le

18.01.2011

-

Mis à jour le

31.01.2011

En décembre, le marché français des OPCVM enregistre un encours de  837,4 milliards d’euros, en baisse de 3,3 % par rapport à décembre 2009. Après la reprise de l’année 2009, le millésime 2010 est marqué par les doutes sur la sortie de crise. Profondément touchés par la crise du crédit,·par ​la situation des banques et maintenant par la crise des dettes souveraines, les acteurs de gestion collective enregistrent pour la majeure partie d’entre eux une décollecte au cours de cette année 2010.

La difficulté de rémunérer le cash

Le principal problème demeure la difficulté de rémunérer le cash dans un contexte où les taux monétaires sont toujours proches de zéro, rendant problématique une gestion monétaire délivrant des performances positives. Les fonds de trésorerie et d’obligations voient leurs encours baisser, avec des retraits s'élevant à plus de 61 milliards d’euros sur les trésoreries régulières. Les produits plus risqués rémunérant le cash n’ont pas bénéficié de reports. Ainsi, ​le segment des fonds de trésorerie dynamique continue de voir ses encours chuter pour ne plus rassembler que 18 milliards d’euros. C'est moins du tiers de ce que représentait ce segment en décembre 2007.

La dynamique de moyen et long terme de la dette publique étant très incertaine pour de nombreux pays de la zone euro, les investisseurs ont commencé à se préoccuper des risques. L’absence de politique budgétaire commune, ni même concertée, a contraint les États de la zone à choisir une réponse institutionnelle, en proposant un mécanisme leur permettant d’apporter un soutien en cas de défaut. Mais les investisseurs doutent et les fonds en obligations euro, largement investis en dettes souveraines, ont enregistré des rachats. Seul le compartiment de la dette haut rendement suit la tendance des allocations « crédit » de l’année passée.

Des performances normales

Il ​peut sembler paradoxal que les rendements de la majorité des classes d’actifs soient positifs, avec des niveaux de volatilité qui ont eu tendance à diminuer. Cette situation, ​que chacun s’accorde à juger « anormale », ​a donc produit des performances étonnamment « normales ».

Les fonds action ont enregistré une progression annuelle de 11 % qui porte l’encours à 209 milliards d’euros. Néanmoins, des doutes persistants sur la qualité de la reprise économique des grands pays industrialisés auront conduit les souscriptions nouvelles en priorité vers les fonds d’actifs de pays émergents, dont la reprise économique a été plus rapide. Les plus fortes progressions concernent les actions internationales (+38 % à 41,4 milliards d’euros) et les actions Asie/Pacifique (+31 % à 12,9 milliards d’euros) où se concentrent les marchés émergents. À l’opposé, les fonds investis dans les valeurs françaises cumulent les demandes de rachats.

Même si l’environnement objectif semble favorable aux actifs risqués avec une croissance économique positive et des profits des entreprises qui devraient encore progresser, cette configuration apparaît toujours assez factice aux investisseurs puisqu’elle n’est rendue possible que grâce au soutien des banques centrales et des États à leur économie et à leur système bancaire

La politique d’offre de l’industrie

Sur le plan général, la robustesse de profits dans un contexte de politique monétaire qui reste accommodante au niveau international, devrait alimenter la hausse des marchés. Les pays émergents sont confrontés à un risque inflationniste accru depuis la remontée des prix des matières premières, et la zone euro risque de souffrir tour à tour soit de la force de sa devise, soit de la sensibilité de ses banques au thème des risques souverains. L’année ​2011 s’avère donc encore porteuse de doutes qui vont rendre délicat le choix d’allocation d’actifs pour les investisseurs. Pour l’industrie, le dilemme pour reconquérir des parts de marché est moins dans la gestion que dans sa politique d’offre. Doit-elle poursuivre dans le développement d’une offre ​toujours plus marquée par les produits tactiques et de stratégie, réservés à une clientèle d’investisseurs avertis, ou privilégier une offre de produits d’investissement répondant aux attentes des particuliers ?

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº733