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Dette argentine

La stratégie des fonds vautours récompensée

Créé le

22.04.2016

-

Mis à jour le

27.04.2016

Révélée le 29 février 2016, la signature d’un accord entre l’Argentine et des fonds « vautours » qui menaient contre elle une bataille juridique homérique constitue un coup de maître pour le nouveau président argentin, Mauricio Macri. C’est aussi une grande victoire pour les fonds procéduriers, leur stratégie étant clairement récompensée. Grâce à l’accord avec l’Argentine, ils vont en principe percevoir 75 % du montant nominal de leurs titres alors que ceux-ci ont été achetés à prix bradé. Selon Laurent Clavel, économiste chez AXA IM « les fonds que certains appellent “vautours” ont obtenu un rendement impressionnant, mais il ne faut pas oublier que ces fonds ont dû conserver pendant des années des actifs invendables. Surtout, ils ont pris un risque considérable. Il n’était pas certain que l’issue de cette affaire leur serait favorable. »

Selon certains juristes, les grands investisseurs institutionnels qui ont accepté les sévères haircuts de 2005 et 2010 pourraient à leur tour se pourvoir en justice au nom du principe pari passu qui veut que tous les créanciers soient traités sur un pied d’égalité. Toutefois, si cette possibilité existe sur le plan théorique, l’économiste indépendant Norbert Gaillard ne pense pas qu’elle sera mise en œuvre : « Certes, les haircuts de 2005 et 2010 ont été bien plus importants (de l’ordre de 70 %) que celui subi par les fonds vautours (25 %) mais une action en justice reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore. Cela fragiliserait tous les contrats de dette souveraine, or, les investisseurs institutionnels ont besoin de sécurité. Ce feuilleton argentin pourrait finalement renforcer la coordination entre créanciers en vue d’éviter à l’avenir des recours de “fonds vautours”. »

Au moment où l’Argentine revient sur les marchés de la dette internationale, une autre menace plane : les Panama papers ont cité le nom de Mauricio Macri. « Dommage, selon Laurent Clavel. Le soupçon de fraude fiscal qui pèse sur Mauricio Macri est très négatif. Il vient contrarier l’impression de nouveau départ qu’avait donné l’accord avec les fonds vautours ». Toutefois, lors du retour de l’Argentine sur les marchés le 18 avril 2016, la demande des investisseurs était au rendez-vous.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº796