Square

Change et taux

Sous le feu des critiques...

Créé le

14.12.2015

-

Mis à jour le

28.12.2015

La Réserve fédérale américaine n’a-t-elle pas tort d’engager un resserrement monétaire ? Pour Charles Evans, président de la Réserve fédérale de Chicago, les banques centrales auraient une « tendance naturelle à mettre fin trop tôt à leurs politiques accommodantes ». En commençant à monter ses taux mi-décembre, la FED ne serait pas loin de commettre une erreur semblable à celle de… 1936, lorsqu’elle a doublé le ratio de réserves obligatoires des banques. Le PIB s’était alors contracté de 10 % et le taux de chômage était monté de 11 à 20 %. La politique monétaire est toutefois loin d’avoir été seule responsable de la rechute de l’activité : depuis juin 1936, le Trésor américain stérilisait les afflux d’or pour réduire les réserves excédentaires des banques et la politique budgétaire était, elle aussi, brusquement devenue plus restrictive.

Pour d’autres, il serait maintenant inutile de monter les taux car une récession en 2016 est désormais probable. En effet, expliquent-ils, la durée moyenne des onze phases d’expansion américaine d’après-guerre a été inférieure à cinq ans et cela fait maintenant plus de six ans que l’activité progresse… L’argument est simpliste. D’abord, ce cycle a toutes raisons d’être très différent du cycle « moyen ». Ensuite, la durée des deux dernières phases d’expansion a été nettement plus longue (respectivement 92 et 120 mois). En outre, la Réserve fédérale a, au fil des décennies, appris à ajuster continûment son action pour l’adapter à la marche effective de l’économie. Si elle monte ses taux, c’est précisément, comme l’a expliqué Janet Yellen début décembre devant le Congrès, pour éviter d’être en retard et d’avoir, demain, à les monter brutalement, au risque de pousser alors l’économie en récession.

Comme par le passé, la politique monétaire relèvera, dans les mois qui viennent, plus de l’art que de la science : la FED va devoir ajuster en permanence le rythme de son resserrement pour composer avec les évolutions inattendues tant des marchés financiers que de l’économie. Ce pragmatisme n’empêchera pas bien sûr des voix de s’élever pour expliquer pourquoi la politique menée n’est pas la bonne !

Achevé de rédiger le 10 décembre 2015.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº791