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Solvabilité 2, les reproches des assureurs

Créé le

18.01.2012

-

Mis à jour le

27.01.2012

Si les fondements mêmes de la Directive Solvabilité 2 semblent pertinents (voir le texte de Philippe Foulquier), un certain nombre de dispositions heurtent les assureurs.

1. Solvabilité 2 implique de gérer le risque avec une VaR [1] à 1 an, horizon trop court selon les assureurs.

2. La place accordée aux notations attribuées par les agences de rating est jugée exorbitante.

3. La valorisation en valeur de marché est contestable: « Pourquoi devrions-nous retenir dans nos comptes la valeur de notre portefeuille actions à la lumière des cours d’aujourd’hui alors que nous avons le temps d’attendre que les marchés se redressent ? » s’interroge le directeur des investissements d’une mutuelle.

4. Dans le domaine de l’assurance vie, l’impact est jugé désastreux : pour Odette Cesari, directrice des investissements d’AXA France, «  Solvabilité 2 incite à détenir uniquement des actifs sans risque. Mais si nous nous contentons d’acheter des obligations allemandes, le rendement que nous servirons aux assurés sera ridiculement bas (1 % par an). Et surtout, cette limitation prudentielle est infondée. Nos passifs sont longs (8 ans minimum) et permettent d’investir sur des actifs risqués [les actions, NDLR] car nous pouvons traverser les cycles économiques et donc profiter des primes de risques. On ne peut donc pas dire que Solvabilité 2 rendra les assureurs plus solides. » De plus, en investissant moins dans ces actifs risqués, les assureurs se désengagent du financement de l’économie. « Je ne désespère pas de voir les défauts de Solvabilité 2 corrigés d’ici à 2014, année prévue pour sa mise en œuvre », ajoute Odette Cesari.

5. Sur l’activité Retraite, la directive semble inadaptée. En effet, cette branche présente intrinsèquement peu de risques extrêmes si on la compare aux autres. Par exemple, le responsable d'une mutuelle explique que « pour l’assureur d’un immeuble, il est justifié de disposer d’importants fonds propres, car ce bâtiment peut prendre feu ou être très endommagé par une intempérie, ce qui rend brusquement le passif exigible. En revanche, dans un régime Retraite, il n’y a pas de risque d’avoir brutalement à débourser une somme importante. Cette activité est très prévisible et nécessite moins de fonds propres. »

Le lobbying visant à infléchir la position du régulateur est donc plus que jamais actif. S. G.

1 Value at Risk : modèle destiné à mesurer les risques.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº745
Notes :
1 Value at Risk : modèle destiné à mesurer les risques.