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Des établissements qui font rêver…

Le secret de la solidité des banques canadiennes

Créé le

19.06.2012

-

Mis à jour le

17.07.2012

Parmi les plus solides au monde, les banques canadiennes traversent la crise sans grande difficulté. D’où vient la force de ces établissements ?

Ces banques opèrent dans un environnement économique qui est plus favorable que dans bon nombre de pays. De plus, le marché bancaire canadien est très concentré. Les six plus grandes banques contrôlent la majorité des actifs et dépôts [1] ; elles sont largement financées par les dépôts et sont donc moins dépendantes que d’autres des marchés de capitaux. La diversification des activités aide aussi les banques canadiennes qui ont réussi à maintenir leur profitabilité depuis le début de la crise.

Quelle est la situation du crédit immobilier ?

Les banques bénéficient de la forte croissance du marché immobilier au Canada, alors que ce secteur connaît des difficultés dans plusieurs autres pays, dont les États-Unis. Cette croissance n’est pas sans risque, mais il existe d’importantes différences structurelles entre le crédit immobilier au Canada et aux États-Unis. Les banques canadiennes n’ont jamais pratiqué la titrisation des prêts immobiliers de façon massive ; elles conservent à leur bilan la plupart des prêts, ce qui incite les établissements à être attentifs à la qualité des crédits au moment de l’origination.

Quant aux courtiers, ils ne représentent que 20 à 40 % du marché des crédits immobiliers ; le plus souvent donc, la banque a un lien direct avec l’emprunteur et le connaît bien.

De plus, le marché canadien est très dominé par les produits standard et n’a pas vu se multiplier des prêts hypothécaires et exotiques [2] , comme ce fut le cas aux États-Unis avant la crise.

Autre particularité : en cas de non-remboursement d’un prêt immobilier, la banque dispose d’un recours contre l’actif, mais aussi contre l’individu dans la plupart des provinces du Canada. Aux États-Unis, le recours se limite généralement à l’actif.

Enfin, le système canadien d’assurance du crédit immobilier, soutenu par l’État, limite les pertes directes des banques en cas de non-remboursement.

Le régulateur canadien a la réputation d’être très actif et même proactif…

Alors qu’aux États-Unis, le système était très fragmenté avant la crise, avec des régulateurs au niveau fédéral et au niveau des États, il existe depuis longtemps un unique régulateur au Canada pour toutes les banques : le BSIF [3] . Avec ce modèle très centralisé et un nombre limité de grandes banques, il est plus facile de mener une action coordonnée et de maintenir un dialogue continu entre les établissements et leur superviseur.

Le régulateur est en effet proactif ; par exemple, en ce moment, il porte une attention particulière au marché hypothécaire, car le fort développement du marché de l’immobilier – en termes de volumes des transactions et de niveau d’endettement des ménages – incite à la prudence. C’est pourquoi de nouveaux principes ont été proposés pour améliorer encore la qualité de l’origination des prêts immobiliers.

D’autre part, le régulateur fait en sorte d’appliquer rapidement les standards internationaux. Les banques canadiennes ont adopté Bâle II très tôt. Et le BSIF s’attend à ce que les banques canadiennes respectent entièrement les ratios de capital de Bâle III dès début 2013. Alors que les États-Unis n’ont toujours pas clairement défini le Contingent Capital, le Canada a établi ses normes. (Voir également l’article « Un exemple pour les banques françaises »)

 

1 Il existe d’autres banques, bureaux et succursales de banques étrangères, sociétés de fiducie, coopératives… mais les Big Six représentent à peu près 90 % des actifs du système et 60 % des prêts immobiliers. 2 Il était par exemple possible de payer seulement les intérêts et à un taux initial très bas pendant une certaine période. Ce type de prêt donne l’impression que les ménages peuvent faire face à leurs échéances, alors que la réalité peut être différente. 3 Bureau du surintendant des institutions financières.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº750
Notes :
1 Il existe d’autres banques, bureaux et succursales de banques étrangères, sociétés de fiducie, coopératives… mais les Big Six représentent à peu près 90 % des actifs du système et 60 % des prêts immobiliers.
2 Il était par exemple possible de payer seulement les intérêts et à un taux initial très bas pendant une certaine période. Ce type de prêt donne l’impression que les ménages peuvent faire face à leurs échéances, alors que la réalité peut être différente.
3 Bureau du surintendant des institutions financières.