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Banque de financement et d'investissement

« Le rôle de la Banque d'affaires est absolument clé »

Créé le

15.10.2015

-

Mis à jour le

28.10.2015

La BFI de BNP Paribas utilise tous les outils de financement des entreprises pour accompagner la transition énergétique. Les green bonds montent en puissance.

Que fait BNP Paribas, en termes de financement de projets, pour financer la transition énergétique ?

Le marché de l’énergie renouvelable est en forte progression chez BNP Paribas. Le groupe a conseillé le financement de plus de 135 projets d’énergies renouvelables dans le monde à fin septembre 2015, dont 96 projets dans l’éolien. Au total, cela représente 22 000 mégawatts de capacités installées et des millions de personnes alimentées en électricité. BNP Paribas a participé au plus important projet de ferme éolienne en mer du Nord, à 85 km des côtes des Pays-Bas, avec un financement de 2,1 milliards d’euros. Cette ferme va procurer de l’électricité à 785 000 foyers et permettre d’économiser 1,25 million de tonnes de CO2 chaque année. BNP Paribas finance également des projets d’efficacité énergétique, comme un projet de voitures hybrides au Japon financé cette année par le biais d’une titrisation, via un ABS.

Nous sommes également très présents dans le financement d’infrastructures, qui représente une grosse part du financement de projets, avec par exemple un projet de financement d’un réseau de train à grande vitesse.

Quelle est la part du financement des énergies renouvelables dans vos financements de l’énergie ?

Au niveau mondial, les énergies fossiles, charbon en tête, représentent 68 % des sources de production d’électricité, et les énergies renouvelables 21 %, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Chez BNP Paribas, à fin 2014, le montant financé pour l’énergie fossile représente 59,5 % du financement de la production d’électricité, et les renouvelables, 23 %. Nous sommes donc en avance sur le mix mondial, ce qui est le résultat d’une double action : nos politiques RSE concernant le charbon, et notre fort positionnement sur le financement des énergies renouvelables via le financement de projets.

BNP Paribas est-il très présent sur le marché des green bonds ?

Au 1er septembre 2015, nous étions dans le top 4 des bookrunners (selon Bloomberg et Climate Bonds Initiative) sur les émissions d’obligations vertes en euros et en dollars. Nous progressons dans ce classement puisqu’en 2014, sur l’euro, nous étions en 6e position. Nous avons innové en 2014 en proposant le premier green growth bond, dont la Banque mondiale était émetteur. Ce fut le premier green bond indexé sur un indice actions, construit en partenariat avec Vigeo pour l’intégration des critères ESG dans la sélection des titres. Il a eu un fort succès auprès de la clientèle des particuliers et l’émission a été placée en Europe, aux États-Unis et en Asie. C’est un produit innovant dans sa structure, avec une proposition d’investissement qui nous a permis de renforcer notre partenariat avec Vigeo.

Pensez-vous que ce marché des green bonds va connaître un fort essor en France ?

C’est un marché qui progresse et prend de l’ampleur, avec de plus en plus d’émissions de la part d’industriels, à côté des banques multilatérales de développement, qui sont des émetteurs fréquents que nous accompagnons depuis longtemps, ou des collectivités locales, comme la Région Ile-de-France, que nous avons accompagnée dès mai 2012.

BNP Paribas accompagne des entreprises industrielles sur l’émission d’obligations vertes. Nous avons fait une première émission avec Engie en 2014, de 2,5 milliards de dollars. Cette année, nous avons été bookrunner du premier green bond émis par Paprec, une entreprise de recyclage, de traitement et de valorisation des déchets.

D’autres outils sont-ils dédiés au financement de la transition énergétique ?

Y a-t-il une spécificité de la transition énergétique en termes de financement ? Oui et non. Il y a une spécificité avec les green bonds, car il existe un label qui permet de donner une visibilité aux entreprises, banques de développement ou collectivités émettrices qui le souhaitent sur ces projets. Le green bond est un instrument qui permet de financer la transition énergétique, mais ce n’est pas le seul. Nous pouvons utiliser tous les outils qui permettent de financer une entreprise pour financer la transition, prêts, obligations, instruments de titrisation comme les ABS, project bonds, syndication de prêts… et le rôle de la banque d’affaire est donc absolument clé.

BNP Paribas intervient avec une activité de prêts en propre sur le bilan de la banque, et une activité de syndication de prêts et de syndication de titres, sur le modèle « originate to distribute ». Nous intégrons désormais les deux métiers au sein d’une même plate-forme (dept corporate plateform) mise en place suite à la nouvelle gouvernance annoncée en novembre 2014.

Nous accompagnons les banques de développement dans leur démarche d’émission de green bonds, en financement de grands projets (project finance). Nous accompagnons des entreprises en project bonds, émissions obligataires dédiées à un projet particulier. Certains de ces projets sont verts, permettent par exemple de financer des fermes éoliennes ou un projet d’énergie renouvelable. Il y a donc un continuum de tous les outils à disposition pour le financement de la transition énergétique.

Êtes-vous présent sur le marché d’émission du carbone ?

Le marché du carbone est un sujet qui va être abordé dans le cadre de la CoP21. BNP Paribas est acteur sur le marché des crédits carbone depuis 10 ans, en offrant à des clients corporate la possibilité d’acquérir ces crédits. Nous sommes une des cinq premières banques au monde sur ce marché européen.

À côté des financements orientés vers la transition énergétique, BNP Paribas mène des politiques sectorielles pour limiter les risques environnementaux ou sociaux en sélectionnant les projets ou entreprises financés…

BNP Paribas s’est engagé devant des organisations mondiales à analyser ses financements selon des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) en signant une dizaine de « principes » comme les Principes de l’Équateur ou les principes pour l’investissement responsable (PRI) des Nations Unies. Nous nous sommes dotés de politiques sectorielles de financement et d’investissement, dans des secteurs ayant une sensibilité environnementale ou sociale, que sont la production d’énergie à partir du charbon, l’énergie nucléaire, l’huile de palme et la pâte à papier, les sables bitumineux, l’industrie minière et l’agriculture.

En 2014, nous avons revu 500 transactions au sein de la BFI sur ces secteurs sensibles. Nous avons décliné 60 transactions en raison d’une insuffisance de résultats sur le plan de ces critères extra-financiers. Ce chiffre devrait être amené à croître, car ces politiques sectorielles se renforcent régulièrement.

Mesurez-vous l’empreinte carbone induite, indirecte, des activités de la BFI ?

Nous mesurons chaque année l’empreinte carbone du groupe, ce qui représente des travaux importants et complexes dans un groupe de 185 000 personnes. Aujourd’hui, nous n’avons pas mis en place de mesure de l’impact des émissions de carbone des activités de scope 3 [1] , ce qui serait très compliqué à ce stade.

Les acteurs financiers privés sont appelés à participer au financement de la transition énergétique au niveau global et mondial, aux côtés des acteurs publics. Participez-vous à certaines initiatives ?

Nous sommes en cours d’accréditation auprès du Green Climate Fund, un fonds au niveau mondial.

 

 

 

 

1 Les émissions de scope 3 représentent les émissions indirectes qui ne sont pas celles issues des fournisseurs d’électricité (scope 2). Les émissions de scope 1 sont les émissions directes (ndlr).

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº789
Notes :
1 Les émissions de scope 3 représentent les émissions indirectes qui ne sont pas celles issues des fournisseurs d’électricité (scope 2). Les émissions de scope 1 sont les émissions directes (ndlr).