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La révolution numérique : un nouvel élan pour la finance de marché ?

Créé le

27.04.2018

-

Mis à jour le

29.05.2018

La transformation numérique, c’est-à-dire la mise en œuvre de technologies assises sur les API, le Big Data, l’intelligence artificielle, l’Internet des objets ou encore la blockchain, trouve de multiples applications dans les métiers de la finance de marché : automatisation des traitements des middle et back office, modèles prédictifs, arbitrage algorithmique et digitalisation des transactions en front office, synthèse automatique de données, robo-advisory dans la gestion d’actifs, tenue de registre de fonds ou KYC organisés sur des plates-formes de registres distribués…

Malgré cette multiplicité d’exemples, la révolution numérique ne semble pas, pour le moment, avoir produit sur la finance de marché les mêmes effets de désintermédiation et de déstructuration des modèles économiques que sur les services aux particuliers. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette différence.

Tout d’abord, la dématérialisation et l’automatisation des process constituent une évolution ancienne forte des marchés financiers : les premières plates-formes Swiftnet sont apparues au début des années 2000 ; les plates-formes de négociations électroniques alternatives dès 2007 ; les opérateurs et les clients sont donc déjà largement habitués à travailler sur des interfaces électroniques. Mais ces évolutions se sont tout de même accélérées au cours des dernières années et, comme les particuliers, les clients corporate attendent aujourd’hui un time-to-market des nouvelles solutions plus rapide et une réactivité quasi instantanée pour leurs transactions financières.

Ensuite, les nouveaux entrants, notamment les FinTechs, ne se placent pas en concurrence des acteurs établis, mais plutôt en partenariat. Pour des raisons opérationnelles simples : les FinTechs apportent aux établissements financiers une agilité de fonctionnement et une rapidité d’exécution que ces derniers ne peuvent assumer, compte tenu de leur taille, de leurs process internes et de la complexité de leur patrimoine informatique. Mais aussi parce que ces mêmes FinTechs trouvent auprès de ces clients un vaste terrain d’expérimentation pour leurs solutions innovantes et surtout un accès à une masse de données, souvent nécessaire pour faire tourner correctement les algorithmes. Ce sont donc aujourd’hui des intérêts bien compris de part et d’autre. Seule la blockchain semble pouvoir avoir à terme un effet de rupture plus affirmé sur les brisées de certains intermédiaires, comme les chambres de compensation dans la gestion des transactions sur titres, ou les arrangeurs et autres syndicateurs bancaires dans les ICOs.

Enfin, la réglementation de la finance de marché s’est renforcée au cours des dernières années et constitue une barrière forte à l’entrée de nouveaux acteurs : ceux-ci préfèrent se positionner sur des portions limitées de la chaîne de valeur, peu gourmandes en fonds propres.

Pour l’heure, la révolution numérique pourrait bien s’avérer une opportunité pour la finance de marché, dont la rentabilité a été entamée par la crise financière et ses conséquences multiples (pression réglementaire accrue, environnement persistant de taux bas). La révolution numérique porte à cet égard une promesse de coûts de fonctionnement mieux maîtrisés en automatisant les process les plus simples, et de nouvelles sources de revenus grâce à une meilleure segmentation des offres commerciales et au lancement de solutions innovantes. À charge pour les acteurs de se l’approprier ; elle pourrait ainsi montrer la voie d’un nouvel avenir pour les activités de marché.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº821bis
RB