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États-Unis

Réserve fédérale : une communication compliquée

Créé le

22.05.2019

-

Mis à jour le

29.05.2019

L’insistance du président de la Fed pour souligner la faiblesse de l’inflation a conduit les marchés à anticiper non plus un arrêt de la hausse des taux, mais une baisse !

À l’automne 2018, la Réserve fédérale semblait fermement engagée sur la voie d’un resserrement monétaire graduel. Avec un taux de chômage proche de 4 % et une conjoncture toujours vigoureuse, elle se devait de faire ralentir l’activité. En l’espace de quelques semaines toutefois, la « balance » des risques s’est brutalement modifiée. Ralentissement de l’économie chinoise, guerre commerciale et shutdown ont fait ressurgir les craintes d’un atterrissage brutal de l’économie, et entraîné une forte correction des bourses. En abandonnant son biais haussier en janvier, la Réserve fédérale a alors semblé opérer un virage prudent.

L’insistance de Jerome Powell, président de la Fed, à souligner la faiblesse de l’inflation est néanmoins venue brouiller une première fois son message. Elle a conduit les marchés à anticiper, non plus un arrêt de la hausse des taux… mais une baisse !

Changement de stratégie

L’annonce simultanée d’une revue du cadre de politique monétaire n’a pas rendu le message de la Fed plus clair. Dès février, l’appel de deux présidents de Fed régionales à faire évoluer la stratégie de la banque centrale vers un ciblage de l’inflation moyenne a rencontré un certain écho. Les marchés en ont pris bonne note et révisé à nouveau à la baisse les taux directeurs attendus. Avec une inflation inférieure à 2 % depuis plusieurs années, un tel changement de stratégie plaiderait pour une politique monétaire plus accommodante.

L’effort de transparence et de communication de la Fed entourant cette revue est louable. Des consultations publiques à travers le pays sont notamment organisées. Le risque est toutefois de voir ces discussions interférer avec la communication de la banque centrale concernant la régulation de la conjoncture. Les conclusions de cet exercice seront dévoilées au premier semestre 2020. D’ici là, séparer le bon grain de l'ivraie des déclarations sur la politique monétaire risque de s’avérer ardu, d’autant que le feu nourri de critiques du Président Donald Trump appelant sans cesse la Fed à baisser fortement ses taux a toutes chances de se renforcer encore à l’approche de l’élection présidentielle de 2020 !

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº833