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Economie

Répression financière ou décorrélation des risques bancaire et souverain : il faut choisir

Créé le

08.10.2012

-

Mis à jour le

13.11.2012

Il existe un consensus pour penser que les États de la zone euro vont devoir utiliser la répression financière (taux d'intérêt anormalement bas, contraintes sur les épargnants, etc.). Mais, dans le même temps, un des objectifs de l'Union bancaire est de restaurer l'intégration financière de la zone euro en faisant disparaître la corrélation entre risque bancaire et risque souverain qui a segmenté financièrement la zone euro. Les deux objectifs ne pourront pas être simultanément atteints. Le premier s'impose, car beaucoup de pays de la zone vont conserver des déficits publics élevés. Pour faciliter le financement de ces déficits, les États sont évidemment tentés d'utiliser la répression financière, c'est-à-dire des taux d'intérêt anormalement bas là où c'est possible (France, Pays-Bas). Les réglementations financières – ratio de liquidité (LCR) de Bâle III, Solvabilité 2 – poussant les intermédiaires financiers à détenir davantage de dettes publiques, de même que les interventions de la BCE (SMP puis OMT) réduisant les taux d'intérêt payés par les pays en difficulté font aussi partie de l'arsenal de la répression financière. Ce mécanisme conduit l'épargne vers le financement des déficits publics à des taux d'intérêt anormalement faibles.

Il existe également une volonté de restaurer l'intégration financière de la zone euro. Le projet d'Union bancaire vise notamment à faire disparaître la segmentation financière de la zone euro, qui est apparue avec la crise et menace l'efficacité de la politique monétaire. Ceci mène à l'objectif de disparition de la corrélation entre risque bancaire et risque souverain, très forte aujourd'hui, qui conduit à des conditions de financement très différentes d'un pays à l'autre, donc à la segmentation financière de la zone euro.

Mais la corrélation entre le risque bancaire et le risque souverain vient de la forte détention de dette publique par les banques des pays de la zone euro. Même si le risque bancaire et le risque souverain se décorrèlent sous l'effet de l'Union bancaire, il faudrait que les banques vendent leurs portefeuilles de dette souveraine ; ceci est évidemment incompatible avec la nécessité de la répression financière.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº753